Azhar Al ach-Cheik
Messages : 2 Date d'inscription : 23/08/2010 Sexe du Personnage : Féminin Profession : Aucune
La vie d'avant... Date de Naissance: Âge du Personnage: Lieu de Naissance: Riyadh, Arabie Saoudite
| Sujet: Azhar Al ach-Cheikh Lun 30 Aoû - 1:01 | |
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| Âge : 25 ans Sexe : Féminin Sexualité : Hétérosexuelle et dans le cas présent, abstinente. Date de naissance : 29 mai 1979 Profession : Aucune Religion : Musulmane, salafite.
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Apparence Physique : Un bref coup d’œil en sa direction et l’on ne remarquera rien, rien d’autre que son niqab* et son abaya* noirs qui lui couvrent la peau de la tête aux pieds. En revenant sur cette ombre plus précisément, on pourra voir ses yeux froids et durs qui vous sondent l’âme au travers des vôtres. Banalement marron, ils semblent toujours briller de mille feux, larmoyant perpétuellement, comme si elle était sur le point de pleurer sans raison particulière.
En s’attardant cette fois ci sur les formes de cette femme, on pourra deviner un corps svelte, qui se dessine vaguement à travers le tissu noir. Seules les femmes pourront peut-être en voir plus dans l’intimité d’Azhar. Et encore devront-elles se contenter d’un corps aux contours plus nets sous un pantalon et une robe à manches longues.
Ce qu’elle offre au regard du commun des mortels, outre les yeux, se résume à ses mains et ses pieds, par ailleurs assez jolis. Ses doigts longs et fins, aux ongles coupés courts, témoignent de sa condition de citadine, ils ne sont pas usés par le travail. Ses pieds, chaussés de sandales légères qui contrastent avec ses multiples épaisseurs de vêtements, sont plutôt soignés, même si quelques crevasses subsistent sur les côtés, engendrées par la poussière des rues.
Si un chien d’infidèle, malédiction sur lui et sa famille, risquait un œil au trou de la serrure quand Azhar prend sa douche, il pourrait certainement en voir beaucoup plus… C’est vrai qu’elle est mince, et elle parait même un peu trop maigre. Ca n’est pas qu’elle soit mal nourrie, pas du tout, simplement c’est comme si son ossature était un peu trop grande pour elle, ses clavicules ressortent un peu trop au bas de son cou, ses membres allongés paraissent trop fins, les os de son bassin marquent deux pointes nettes sur ses hanches… Au moins, on ne lui voit pas les côtes. Ses jambes élancées semblent infiniment longue, ce qui produirait une drôle d’impression, la voyant de loin, à cause de sa petite taille. Comme un mannequin miniature. Elle n’arrive toujours pas vraiment à se faire à sa poitrine ronde et pleine, qui était au moins moitié moins grosse avant qu’elle ne soit enceinte de son fils, mais qui n’a pas désenflé depuis. Par ailleurs, elle n’a pas gardé de grosseur aux fesses ou hanches de ses grossesses, mais quelques zébrures claires, discrètes pourtant, attestent en haut de ses cuisses et dans le bas du dos de l’effort fourni par sa peau pour s’adapter à son ventre rond.
A part ces marques, la peau de la jeune femme est lisse, douce et d’une délicate teinte café au lait, elle en prend soin, se rase le pubis et les aisselles comme le coran le stipule et s’enduit parfois les jambes de crème pour empêcher la peau de s’y dessécher et être belle pour son mari.
Mais sans aller jusqu’à espionner Azhar, sa famille et les autres femmes ont également le droit de la voir dévoilée, de voir ses cheveux et son visage. Pour ce qui est des premiers ils sont, comme on peut s’y attendre, d’un noir profond. Elle ne les a pas coupés souvent, mais les entretient pour qu’ils gardent leur longueur, arrivant au milieu de son dos. Légèrement ondulés, ils ont le grand défaut d’être réfractaires à tous les shampoings qu’elle a tenté de leur imposer, et persistent à se nouer avec un malin plaisir, quoi qu’elle fasse.
Ses oreilles sont percées mais elle n’avait pas de bijoux pour les en orner le jour où elle a été envoyée sur la nef. Leur lobe et entièrement soudé au crâne, Azhar les trouve un tout petit peu trop grandes mais elles se perdent de toutes façons dans l’océan de ses cheveux. Encadré par les mèches noires, son visage est un ovale presque parfait, à l’exception du menton qui s’y taille une petite pointe. Là aussi, sa peau semble un peu trop tendue sur ses os, ses pommettes sont saillantes, mais cela ne perturbe pas l’harmonie de la face. Sous un front encore vierge de rides, deux sourcils noirs parfaitement épilés surplombent ses yeux au regard grave. Elle ne porte pas de maquillage, c’est une femme bien, pas une tentatrice. Elle s’est habituée à son nez, qu’elle trouvait trop gros alors qu’il a pourtant une taille tout à fait moyenne, mais n’aime toujours pas sa bouche. Elle la trouve trop ronde, trop charnue, trop colorée, on dirait presque une bouche africaine, et alors même qu’elle n’est pas maquillée elle semble vouloir tenter les hommes. Il en sort une voix claire et juste, pas trop aigüe, qui est généralement douce et enjouée quand elle parle à d’autres femmes, mais qui a aussi parfaitement acquis l’art et la manière d’être sèche et tranchante quand la jeune femme veut s’imposer.
Mais rassurez vous messieurs, jamais Azhar ne dévoilerait quoi que ce soit qui puisse vous mener vers le pêché, elle a grand souci de préserver sa vertu et la vôtre, aussi pouvez vous dormir tranquilles.
Inventaire : Les sandales, le pantalon, la robe, l’abaya et le niqab qu’elle portait en arrivant.
L'objet auquel elle tient le plus :
Physiologie Caractère : Azhar est une jeune femme plutôt réservée. Elle n’est pas vraiment ce qu’on qualifierait de timide, elle n’a aucune appréhension à s’exprimer face à une femme qu’elle ne connaît pas, mais elle garde pour elle la plupart de ses pensées. Parfois, c’est simplement dans un souci de préserver ses interlocutrices. En effet, même si elle n’aime pas se livrer à toutes les rumeurs et ragots que les commères apprécient tant, elle a une très forte tendance à se fier à sa première impression, et à moins de la déstabiliser totalement il est très, très difficile de lui faire changer d’avis. Encore faudrait-il pour cela savoir au préalable ce qu’elle pense de vous, ce qui n’est pas donné à tout le monde.
Ceci dit, lesdites impressions se sont jusqu’ici avérées assez justes pour la plupart, aussi ne ressent elle pas le besoin de se remettre en question de ce côté-là. A sa décharge, on peut ajouter qu’elle attend en revanche toujours de pouvoir avoir un avis personnel sur la question pour se faire son opinion, elle tente de ne pas se laisser influencer par les racontars sur le compte de qui que ce soit, même si dans la pratique un léger apriori subsiste parfois.
Du fait de ses opinions tranchées, il lui arrive aussi, en particulier quand on lui demande expressément ce qu’elle pense, de ne pas mâcher ses mots ni ménager la sensibilité de ses interlocutrices. Mais la plupart du temps, même dans ces circonstances, sa voix claire reste posée, bien que sèche, sans méchanceté aucune. Il faudrait vraiment la faire entrer dans une colère noire pour qu’elle hausse le ton et se laisse aller à invectiver les autres.
Par ailleurs, et même si cela n’est visible que dans l’expression de son visage ou de ses yeux, si vous avez appris à y lire, Azhar a un caractère plutôt enjoué et naturellement gai, sauf raison particulière (et malheureusement se retrouver sur la nef en constitue déjà une énorme) elle est toujours de bonne humeur, et si vous lui voyez quelques froncements de sourcils c’est qu’ils seront amplement mérités, souvent par quelque comportement infidèle ou impudique.
C’est aussi une femme très serviable, pour peu qu’elle juge que vous en ayez réellement besoin et qu’elle ne se sente pas utilisée elle proposera toujours de vous aider. Ah, et il faut aussi qu’elle pense en être capable. Si vous galérez en mécanique par exemple, elle serait bien en peine de venir à votre secours, en revanche si vous devez préparer à manger pour cinquante personnes ou que vous n’avez jamais touché à un ordinateur, elle se fera un plaisir de vous venir en aide.
Phobies, cauchemars : A peu près ce qui vient d’arriver. Se retrouver seule au milieu d’étrangers, sans protection autre que ses habits, être observée sous toutes les coutures… Être touchée par un de ces êtres impurs, qui sait par un juif ? Quelle horreur…
Être retrouvée dans cette situation par la Muttawa* et être fouettée à mort aussi, mais c’est peu probable.
Ambition, rêve : Elle voulait que ses enfants fassent des études, avoir d’autres garçons, peut être que sa fille travaille… Elle voudrait retrouver ses enfants, et dans la catégorie des rêves irréalisables, elle voudrait rencontrer le prophète, la paix d’Allah soit avec lui, savoir ce qu’il pense du monde actuel qui lui apparait parfois tellement obscène et aberrant. Mais c’est un homme qui n’est pas de sa famille. Quand bien même il revivrait elle ne serait pas autorisée à lui adresser la parole.
Habitudes : Azhar aime chanter, chantonner, quand elle est seule ou bien qu’elle coiffe sa fille par exemple. Elle chante très souvent sous la douche, pas trop fort quand elle craint d’être entendue. Elle chante quand elle se sent heureuse, ou particulièrement triste, et il y a fort à parier qu’elle se souciera sans doute moins du niveau sonore dans ces moments un peu particuliers. Elle adore aussi sourire en secret, sous son niqab, quand personne ne distingue sa bouche. Elle laisse parfois un peu trop pétiller ses yeux mais s’est suffisamment entrainée pour qu’on ne devine presque jamais quand elle le fait. Ca n’est pas méchant, ça ne fait de mal à personne, elle se moque gentiment parfois de ceux qui lui parlent ou lui font la morale, voilà tout.
Biographie Famille, parents : Deux sœurs et trois frères plus agés, un plus jeune. Ses parents sont encore en vie tous les deux, pour le reste sa famille proche est constituée de son mari Suleyman, sa fille Diya et son fils Khaled.
Histoire : Azhar est née le vingt-huitième jour du mois saint de Radjab en l’année 1399 du calendrier d’Allah. C’était la sixième fois que sa mère enfantait, aussi l’accouchement fut il rapide, et les saignements de sa mère avaient cessé bien avant le début du mois de Ramadan, ce qui lui permit de faire son jeûne normalement. Azhar était un beau bébé, peut être même un peu ronde quand elle naquit, mais la diminution brusque du lait de sa mère pendant le jeûne, quelques trente jours plus tard, eut tôt fait de l’amincir.
Pendant sa petite enfance, elle n’avait jamais eu l’impression d’être traitée moins bien que ses frères. Ca n’était pas comparable de toutes façons, ils étaient bien plus vieux qu’elle. Et puis les grands allaient à l’école, elle voulait y aller elle aussi, elle en avait assez d’être toute seule à la maison. Maman avait toujours quelque chose à faire, et Azhar s’ennuyait. Ce qu’elle aimait bien, c’était quand sa mère l’emmenait faire les courses au marché. Elle la coiffait, nouait un foulard sur ses cheveux, mettait son niqab et elles sortaient toutes les deux. Dehors, il y avait beaucoup de bruit, tout était grand et brillant, et des milliers de saoudiennes en niqab noir, comme sa maman, marchaient dans les rues, parfois avec leur mari, mais c’était rare. A l’heure où elles allaient au marché, les hommes travaillaient. Une fois, elle avait senti quelque chose qui avait l’air terriblement bon, et malgré les avertissements de sa mère, elle avait lâché sa main. Grave erreur. Après seulement quelque mètres dans la forêt de tours noires, elle avait compris qu’elle n’aurait jamais dû faire ça. Elle tenta prudemment de revenir en arrière, mais la masse des femmes sans visage lui paraissait de plus en plus hostile, elle se retenait de pleurer. Une des innombrables femmes se pencha vers elle, elle voyait ses yeux.
*Ce n’est pas maman. Il ne faut pas que je parte avec elle. Les yeux de maman sont beaucoup plus beaux, et elle n’est pas maquillée comme cette mauvaise femme.*
La femme avait une voix douce, elle l’aida à retrouver sa mère. Mais Azhar ne lui parla presque pas, sauf quand sa mère lui demanda expressément de la remercier. Après cet incident elle resta toujours près de sa mère, mais cela ne suffit pas à la dégoûter du marché, loin de là. C’était toujours plein de couleurs, d’odeurs, et puis sa mère la laissait choisir une friandise, un petit gateau aux amandes.
Tous les jours, elle récitait ses prières comme ses parents lui avaient appris, mais elle ne comprenait pas toujours bien ce qu’elle disait. Et puis un jour, quand elle avait été assez grande, son père l’avait amenée à l’école. L’école était pleine d’autres petites filles de son âge, et elle se fit vite des amies. En plus, c’était terriblement intéressant. La maitresse leur racontait un petit morceau d’histoire tous les jours, et il fallait bien l’apprendre. Cette histoire, c’était la vie du prophète Mahomet, paix et bénédiction sur lui, et elle était riche en rebondissement. Chaque jour, la petite Azhar s’indignait des actions des païens et des juifs, sentait son cœur gronder quand la maitresse leur rapportait leur violence contre le prophète, et elle se sentait bien au fond d’elle-même quand celui-ci remportait la victoire, se vengeant de ses ennemis, assemblant peu à peu les arabes en un seul peuple serviteur d’Allah le très haut.
Elle récitait ses leçons du coran tous les soirs, elle apprenait très bien. Quand elle eut grandi encore, elle apprit à lire, à écrire et à compter. Quand ils sortaient le vendredi, toute la famille ensemble, elle narguait ses grandes sœurs qui portaient toutes les deux le niqab ; elle, elle pouvait encore montrer son visage. Mais au fond elle avait hâte que ça lui arrive aussi, elle était un peu jalouse. Porter le niqab, ça voulait dire qu’on était grande, qu’on était une femme, et qu’on était assez belle pour provoquer le désir des hommes si on montrait son visage.
Le jour de la naissance de son petit frère Abdallah fut un jour un peu spécial. Il était arrivé en avance, et sa mère, sentant que la naissance était proche, avait sauté dans un taxi direction l’hôpital, emmenant avec elle Azhar parce qu’elle ne pouvait pas la laisser seule à la maison. Arrivée là bas, elle se rendit compte qu’elle n’avait pas pris l’autorisation de son mari, l’hôpital ne pouvait rien faire sans celle-ci. La petite fille avait peur, elle se souvenait que son père n’avait pas emporté son portable ce matin là, impossible de le joindre, sa mère devrait peut être accoucher seule… Grâce à Dieu, il était rentré à la maison ce midi là et, la voyant vide, s’était rué à l’hôpital, se doutant de ce qui se passait. Il était arrivé bien à temps, et l’accouchement pu se dérouler dans les meilleures conditions malgré la frayeur d’Azhar et sa mère.
Elle n’avait pas pu assister à la naissance elle-même, et son père non plus. Ils se rongeaient les sangs tous les deux, dans la salle d’attente. Son père était très nerveux, mais il n’arrêtait pas de lui parler, de lui expliquer comme il l’avait déjà fait cinq fois que l’arrivée du petit frère ne changerait rien, qu’elle était toujours sa petite fille à lui. Quand la sage-femme était entrée, il s’était dressé comme un piquet, et ils avaient pu tous les deux voir le nouveau bébé. Il était minuscule ! Tout rose, tout plissé… Il n’était vraiment pas beau, mais Azhar le trouvait quand même mignon. Il donnait envie de le protéger. Ses grands frères et sœurs étaient arrivés un tout petit peu plus tard, les secondes amenées en voiture par les premiers, que son père avait prévenus malgré son impatience.
La seule différence notable qui se produisit dans la vie d’Azhar après l’arrivée d’Abdallah, c’est qu’elle ne passa presque plus jamais de temps seule avec sa mère. A la place, elle l’aidait à s’occuper de son petit frère. Mais elle aimait bien cela, elle ne trouva jamais qu’elle avait à se plaindre de la nouvelle situation ; maintenant qu’elle allait à l’école de toutes façons, elle n’était plus un bébé, on ne pouvait pas vraiment dire qu’il avait pris sa place.
Ce fut à cette époque là qu’elle assista à sa première exécution. Il y avait un attroupement devant la mosquée, et un très grand cercle vide au milieu. Vide à l’exception de quelques hommes, des militaires. Le condamné était à genoux, les mains attachées dans le dos, tête nue et le col défait. Le bourreau avait un grand sabre, il était debout derrière le premier homme. Tout le monde criait autour « Allah Akbar ! »* et ils étaient restés pour regarder.
Un homme debout avait lu les crimes de celui qui était à genoux, une histoire de trafic de drogue cette fois là. Le bourreau avait entaillé d’abord la nuque du condamné, il n’avait même pas crié. Et puis ensuite, d’un seul coup, il lui avait coupé la tête. Azhar avait failli vomir. La tête s’était envolée, loin du corps, dans un grand jet de sang. Ses yeux vides étaient tournés vers elle quand elle avait fini de rouler sur le sol. Ca n’était pas la dernière exécution qu’elle devait voir, elle en prit un peu l’habitude mais cela la répugnait toujours et elle les évitait tant que possible. Le soir, elle pria très fort pour qu’Allah lui donne la force de rester dans le droit chemin et qu’il n’ait jamais à la punir de son comportement.
La première fois, elle eut un peu peur. Elle savait que c’était normal, sa mère le lui avait dit, elle avait expliqué que les femmes adultes chaque mois saignaient, tant qu’elles ne sont pas vieilles. Mais jamais elle ne s’était attendue à tant de sang ! Quelle horreur, ses habits étaient sales, elle se sentait sale à l’intérieur, elle détestait ce sang chaud qui coulait sur ses jambes. Sa mère lui confirma que tout allait bien, elle ne saignait pas anormalement, il lui faudrait juste s’habituer un peu, mettre un tissu pour protéger ses autres habits et ne pas prier tant qu’elle avait du sang. A la fin des quelques jours que ça dureraient, lui avait-elle expliqué, elle devrait faire une prière pour se purifier et reprendre la vie normale. Ce fut un peu sa fête ce soir là, elle put même reprendre une assiette de mouton.
Mais elle allait devoir cacher son visage à présent. Dès le vendredi suivant, Azhar alla acheter un niqab avec sa mère. Elle en choisit un avec un motif brodé en noir sur le tissu presque aussi sombre, et le porta tout de suite. Elle devait aussi porter l’abaya à présent, une sorte de très grande robe noire qui cachait le corps et les vêtements qu’elle avait dessous. Ca n’était pas la première parmi ses amies à franchir le pas, elle se sentait un peu à part, comme si elle partageait avec les femmes une sorte de secret qui l’élevait un peu au dessus des petites filles.
Le premier évènement notable qu’Azhar se rappelle après sa propre puberté est le mariage de sa sœur Khalila. Elle ne se souvenait pas de celui de ses autres sœurs, et ses frères n’étaient pas encore mariés. Et puis Khalila était sa sœur préférée, elle était celle qui restait à la maison avec elle, la plus proche en âge, et elles étaient complices toutes les deux. Par conséquent, l’arrivée d’un mari avait été assez mal vécue par Azhar, qui se voyait enlever sa sœur sans préavis. Mais Khalila avait l’air très heureuse, toute excitée, elle n’arrêtait pas de lui dire que ça allait être un jour merveilleux, et qu’elle pourrait toujours venir la voir ensuite, même si elles n’habitaient plus ensemble.
C’était vrai, la fête avait été très bien, il y avait plein de gens qu’Azhar ne connaissait pas. Dans la salle réservée aux femmes, elles étaient toutes dévoilées, souriantes, habillées de toutes les couleurs, couvertes de bijoux… Azhar en gardait un souvenir plein d’émerveillement. Elle avait vu le mari de Khalila, il était bien plus vieux qu’elle et avait une grosse barbe noire. Il avait l’air heureux lui aussi.
Pour son propre mariage, elle avait 15 ans, et la fête l’avait un peu déçue comparée à celle de sa sœur. Il faut dire que Suleyman n’était pas aussi riche que le mari de Khalila. C’était un homme d’affaires, et avec ce qu’on racontait sur leur ouverture d’esprit, Azhar était presque sure d’y gagner en liberté. Elle eut quand même une très belle robe, et tous les invités avaient l’air satisfaits, alors elle s’était dit que peut être son imagination enfantine avait exagéré le mariage de sa grande sœur.
Elle s’était enfin retrouvée seule avec son mari. Son cœur battait à toute vitesse, c’était la première fois qu’elle se trouvait avec un inconnu, ou presque. Elle le trouvait plutôt beau, il était encore jeune, la trentaine peut-être. Et puis bien sur, il y avait eu cette première nuit. Azhar s’était préservé vertueusement, et il n’y eut aucune difficulté à constater sa virginité. Elle avait peur, mais s’était laissé faire. De toute façon, elle ne pourrait pas reculer ce moment éternellement. Sa sœur Khalila lui en avait déjà parlé, elle l’avait prévenue que ça faisait mal. Mais Azhar ne s’attendait pas à ça… Elle avait eu tellement mal… Elle était parvenue à retenir les larmes de douleur qui montaient à ses yeux, mais non sans effort. Heureusement, ça n’avait pas duré. Passé la première douleur, ça allait beaucoup mieux. Il lui semblait que son mari était doux et faisait attention à elle, comme le coran le demande aux jeunes mariés.
Elle n’avait pas tardé à tomber enceinte. Elle espérait que ce serait un garçon, comme ça il ne dépendrait de personne. Et puis elle pourrait le garder près d’elle plus longtemps. Mais l’échographie avait été formelle, c’était une fille. Un peu déçue, elle ne baignait pas moins dans le bonheur pour autant.
Suleyman priait très souvent, c’était un homme pieux et assez mystérieux. Azhar n’avait jamais su en quoi consistait précisément son travail, elle savait seulement que c’était loin de chez ses parents et qu’il avait souvent des réunions tardives le soir. Ils avaient choisi le prénom ensemble, leur petite fille s’appellerait Diya.
Azhar avait beaucoup souffert pendant l’accouchement. Diya était arrivée à la date prévue, mais le travail avait trainé en longueur et elle était véritablement épuisée quand enfin on lui donna son bébé. Comme elle était belle ! Une part de son esprit persifla qu’elle était aussi rose et plissée qu’Abdallah à sa naissance et qu’elle ressemblait à n’importe quel bébé, mais Azhar était trop heureuse pour l’écouter. Suleyman avait récité les prières, le Azaan à l’oreille droite du bébé, al iqaama à son oreille gauche. Diya s’en moquait. Elle était très calme, ne criait que pour de bonnes raisons et regardait sa mère avec de grands yeux bleus quand elle l’allaitait.
Durant ses deux premières années, ce fut la petite princesse de la maison. Azhar s’occupait d’elle tout le temps, se ressaisissant de temps en temps quand elle allait trop loin, de peur d’en faire une enfant gâtée. Avec ses réunions multiples, son père rentrait souvent tard, et lorsqu’il arrivait pour la surprendre au milieu de sa prière, il la portait dans ses bras et bénissait Allah de lui avoir donné une aussi pieuse petite fille.
La deuxième grossesse d’Azhar arriva ensuite. Cette fois ci, c’était un garçon. Toute la famille se réjouissait de ce don de Dieu et Azhar chantait tout au long de la journée. Il fallut expliquer à Diya, perplexe, pourquoi sa mère s’enflait comme un ballon, et alors elle eut hâte aussi que le bébé arrive. Khaled naquit au beau milieu de l’hiver. L’accouchement se passa bien plus vite que le premier, ce qui laissait présager que ses prochaines grossesses seraient moins éprouvantes, et l’enfant arriva sans encombre. Il criait beaucoup plus que sa grande sœur, mais peut-être était-ce aussi à cause du froid. A dater de ce jour, Azhar se consacra presque exclusivement à ses enfants. Elle ne voulait surtout pas donner à Diya l’impression d’être abandonnée, aussi passait elle du temps avec elle, même si cela l’épuisait terriblement. Elle convint avec son mari d’attendre un peu avant d’avoir un troisième enfant.
Diya était très bonne élève, sa mère lui faisait réciter tous les jours et l’écoutait raconter sa journée d’école. Quand il fut en âge d’y aller, Khaled se montra presque aussi attentif. Il connaissait très bien le coran, mais il était un peu dissipé. Azhar l’entendit un jour, seul dans sa chambre, demander pardon à Dieu pour avoir énervé le professeur, et elle en fut tout attendrie. Vraiment, à part quelques frasques de loin en loin, elle avait vraiment les enfants dont toute femme rêve.
Son mari quant à lui était toujours aussi absent, il paraissait parfois préoccupé et regardait les informations avec une attention grandissante. Parfois, il rentrait tout égayé, embrassait toute sa petite famille et personne ne pouvait jamais lui extorquer la raison de cette joie.
Trois ans plus tard, Azhar se sentait prête pour une nouvelle grossesse. Khaled allait à l’école, Diya était toujours aussi sage, et elle n’aurait dans la journée que le bébé à la maison. Son vœu s’exauça assez vite, elle fut enceinte deux mois après avoir pris cette décision. Elle n’était plus aussi angoissée que les autres fois, elle se sentait sereine et n’attendait même pas le sexe de l’enfant avec autant d’impatience que les précédents. Elle expliqua à Khaled ce qui se passait, aidée par Diya qui se rappelait quelques moments de la seconde grossesse de sa mère. Tout le monde était enthousiastes, les enfants posaient leur oreille sur le ventre d’Azhar et hurlaient qu’ils sentaient le bébé bouger, et même faire du bruit. Elle riait doucement. Ca n’était pas possible bien sur, il était bien trop tôt.
Son ventre s’arrondissait notablement quand elle commença à perdre du sang. Pas énormément mais, inquiète, elle appela son mari pour qu’il la conduise à l’hôpital. Il était au beau milieu d’une réunion importante et ne répondit pas. Elle le rappela sans cesse, jusqu’à ce qu’il décroche enfin et rentre pour l’amener. Azhar perdit les eaux dans la voiture. La sage-femme était formelle, malgré son visage désolé. L’enfant était mort dans son ventre. Il était déjà gros, il faudrait déclencher un accouchement artificiel pour la libérer, et elle devrait patienter quelques jours. Il n’y avait rien à craindre pour sa santé à elle, lui assurait-on, aussi rien n’était urgent. Elle ne pouvait se retenir de laisser couler les larmes sur ses joues, agitée par un sanglot silencieux de temps à autre. Elle évitait de regarder son ventre, ne le touchait pas. Les enfants pleurèrent aussi, malgré les explications de Suleyman. Le bébé était au paradis, il ne fallait pas pleurer pour lui car il était heureux, et c’était égoïste de le regretter. Néanmoins il serra sa femme dans ses bras, sans un mot, très fort. Elle-même en fut surprise.
Elle attendit deux jours, son enfant mort encore dans le ventre avant d’obtenir un rendez-vous à l’hôpital. Ils le firent sortir, elle refusa de le regarder, ne voulut surtout pas savoir si c’était une fille ou un garçon. Elle fut triste encore un moment mais faisait des efforts pour ne pas le laisser paraître, et la vie reprit son cours. Mais elle avait besoin de temps avant de tenter l’aventure une autre fois, son mari comprenait. Il y revenait de temps en temps mais n’insistait pas, aussi quatre autres années passèrent-elles sans qu’un troisième enfant n’entre dans la famille.
Situation dans laquelle était votre personnage quand il a été enlevé : Le grand jour était arrivé! Voilà un an tout juste que Suleyman avait annoncé ce bal organisé par son entreprise. A l'intérieur du petit hameau des Al ach-Cheikh l'excitation bâtait son plein! Dans la chambre des enfants, Azhar aidait Diya à enfiler pour la première fois le niqab en complément du hijab! C'était un grand moment, le passage à l'âge adulte d'une certaine manière... Le tissu était neuf et sentait encore les produits chimiques utilisés avec les colorants noirs. Diya les prenait dans ses bras et les reniflait à plein poumon comme on hume la douce odeur des fleurs de jasmin. Elle dut lâcher prise quand sa mère rappela l'heure qu'il était et le temps qu'il fallait pour être prête. Quelques minutes plus tard, elle avait enfilé tous ses vêtements. Alors qu’Azhar enfilait le niqab sur la tête de sa fille, Suleyman arriva et prit Khaled par la main. « Je m'en occupe Suleyman! Fini plutôt de te préparer non ? » Il lui répondit sèchement qu'il était déjà prêt depuis une heure et qu'il comptait bien aider son fils pour une fois. Il ne voulait pas que sa famille soit mal habillée. Tout le monde portait des vêtements neufs et bien repassé.
A dix-huit heures, tout le monde est fin prêt. Toute la famille était sortie et se dirigeait vers la voiture de fonction de père. Khaled n'attendit pas bien longtemps avant d'attaquer sa grande sœur sur sa nouvelle tenue de femme : « Ha ça y est, tu es Dame, une vieille sorcière haha ». Alors que d'habitude sa sœur cherchait refuge dans les paroles de sa mère, elle prit, cette fois-ci, assez d'assurance pour se défendre. Il faut dire que la tenue de soirée de Khaled était risible pour un enfant de huit ans! Elle se débrouilla si bien qu'il en pleura à chaudes larmes et cette fois-ci c'est lui qui pria sa mère de le défendre. « Silence maintenant, interrompit sèchement Suleyman, on arrive bientôt alors taisez vous et restez calmes! » Pendant les dix minutes de route qu'il restait, le silence pesa. Plus on s'approchait du lieu dit, plus on sentait Suleyman tendu, nerveux. De la sueur perlait de ses tempes mais il restait souriant.
« Voilà! Nous arrivons enfin! Juste devant vous le complexe Anglo-américain! C'est ici que vit une grande partie des américains et anglais qui gèrent les entreprises du pays. On trouve aussi une caserne militaire juste à droite, ici, dit il en montrant du doigt un bâtiment gardé par deux hommes en tenue armés de M-16 et une barrière. ».
Azhar, Diya et Khaled plissèrent tous trois les yeux pour voir les bâtiments arriver vers eux. Ils pouvaient en distinguer au moins une dizaine. Tout le terrain était fermé par des barbelés d’un mètre de hauteur. On distinguait assez facilement les lotissements de maisons et les bâtiments habitables de ceux utilisé comme bureaux. Mais aujourd'hui, seul un bâtiment semblait avoir une attention particulière pour les occidentaux. Il se trouvait juste au milieu, entre la zone militaire et la zone bureautique et habitable. Plus la voiture se rapprochait, mieux ils pouvaient voir tous ces petits points de transformer en foule de femmes et d'homme bien habillés. De visu, Azhar devina au moins cent cinquante personnes devant l'entré du bâtiment. Puis ils arrivèrent à l'entré du complexe. Suleyman présenta son badge d’employé. Les grilles s'ouvrirent et il emmena la voiture au parking.
En sortant de la voiture, il ouvrit le coffre et en sorti un sac noir qui semblait relativement léger. Azhar le regardait et lui demanda ce que c'était alors qu'elle prenait ses enfants par la main. « Rien rien... Juste des affaires pour le boulot. Attendez-moi ici, je reviens tout de suite. Il présenta de nouveau son badge à un cadre métallique et la porte devant lui s'ouvrit et se referma derrière lui. Quelques minutes plus tard il était de retour et adressa un clin d'œil à son fils puis sourit à sa femme qu'il trouvait belle même au travers de son niqab. Le père prit la main de son fils puis celle de sa femme. Puis ils se laissèrent diriger vers le bâtiment central où il y avait déjà beaucoup de monde. Quand ils furent au niveau de foule, un homme de grande taille s'approcha d'eux avec un large sourire et les bras tendu vers eux. Derrière sa grosse moustache et son teint pâle on pouvait deviner un air anglais au personnage. Derrière son corps bien bâti on imaginait une grosse voix rocailleuse.
« Haaaa mon cher ami! Suleyman! Celui sans qui nous ne serions pas là ce soir ! Je vous demande à tous d'applaudir celui qui a lancé l'idée et qui a beaucoup travaillé pour que ce soir soit une réussite! »
Sa voix était bien plus grave encore qu'on ne l'imaginait. Caverneuse et puissante. Tout le monde avait dû l'entendre et certainement même ceux qui était à l'intérieur du grand bâtiment central puisque la foule grossissait rapidement et les clappements de mains vrombissaient de plus en plus aux oreilles de la famille. Suleyman avait un large sourire qu'il adressait à tout le monde en regardant la foule dans les yeux puis il tourna son visage vers sa femme puis ses enfants, qui eux étaient tout aussi gais de recevoir toutes ces acclamations. Quand le bruit commença à s'éteindre, il se mit de biais et fit les présentations de sa famille à son directeur Mr Fisherman, Jack Fisherman. Mais très vite il disposa :
« Je vous prie de m'excuser, j'aimerais faire visiter mes bureaux aux enfants, cela ne vous dérange pas ? » « Non non, bien sûr que non! »
« Merci, nous pourrions faire les présentations avec votre femme ? »
Les enfants sautèrent de joie en entendant les paroles de leur père. Ils rejoignirent la femme de son directeur. Celui-ci fit les présentations et les laissa entre elles. Puis Suleyman et ses enfants se dirigèrent vers le bâtiment où il était entré en arrivant.
« Vous êtes donc la femme du directeur de mon mari? »
« Tout à fait, je l'ai rencontré alors que j'avais dix-sept ans en Angleterre. Puis nous avons déménagé ici il y a vingt maintenant. »
« Et donc vous vivez ici-même ? »
« Bien entendu! Nous sommes ici près de mille cinq cent personnes. »
Pendant ce temps, le père demanda à Diya de surveiller le couloir pendant qu'il montrait quelque chose de secret à son fils. Diya ne broncha pas et resta droite, les yeux aux aguets. Suleyman ouvrit le sac qu'il avait transporté et en sortit un détonateur. « Tu te souviens de notre discussion Khaled Al ach-Cheikh ? Tu es prêt? » Il souriait à pleines dents et fit oui de la tête!
« Bien je crois qu'il est temps de rentrer dans l'amphithéâtre principal! Je vois que mon mari est sur le point d'entrer, dit la femme de Fisherman à Azhar. Votre mari ne tardera pas à nous rejoindre. »
La foule avait diminué de moitié et le reste faisait déjà la queue pour entrer. On pouvait voir à l'intérieur que les femmes restaient à gauche et les hommes à droite. Quand ce fut enfin le tour d’Azhar, Khaled arriva et lui dit :
« Maman, Papa veut que tu le rejoignes maintenant pendant que je vais avec le monsieur devant. Il veut te montrer quelque chose! »
Puis il entra en suivant le directeur de Suleyman. Elle ne comprenait pas..., mais elle fit demi-tour et rejoignit à quatre-vingt mètres de là son mari et sa fille.
« Qu’y a-t-il Suleyman, que voulais-tu me montrer? »
« Regarde le bâtiment d'où tu viens, observe le avec toute ton âme. Toi aussi Diya. Regardez la beauté d'Allah. Sa puissance! Sa volonté! »
Azhar fronça les sourcils et tourna la tête vers Suleyman l'air interrogateur derrière son niqab. Elle vit son mari joyeux et triste en même temps. Il souriait avec des larmes qui coulaient le long de son visage.
« Regarde ton fils ! » dit-il sèchement
Au moment où elle reposa son regard sur le bâtiment en pensant voir son fils, elle vit un flash qui l'aveugla. Un bruit terrible la rendit sourde puis un second bruit suivi d'un énorme souffle la projeta en arrière, sur le dos. Comme sa fille et son mari qu'elle voyait face à elle maintenant, sur le sol. Sa tête lui faisait mal et ses membres étaient anormalement engourdis par la chaleur du souffle. L'ambiance environnante était pesante. Au bout d'une dizaine de secondes le sifflement qui avait remplacé son ouïe s'atténua. Elle commençait à entendre des hurlements. Mais des hurlements de douleur. L'heure n'était plus à la panique... Quelques membres étaient éparpillés devant les décombres du bâtiment qui avait littéralement été détruit. Il ne restait plus que des ruines mélangé à de la chair et du sang. Quelques flammes vivotaient de-ci de-là jusque sur les immeubles voisins. Les sirènes des pompiers et des militaires étaient déjà toutes proches. Des véhicules entraient rapidement. Azhar pleura d'un coup et eut une dernière pensée avant qu'elle ne soit téléportée dans un lieu inconnu – la nef – , « Mon fils! Pourquoi ? »
_________________________________ *niquab : voile qui couvre le visage, ne laissant paraitre que les yeux *abaya : longue robe noire qui couvre les musulmanes par-dessus leurs autres habits, de la tête aux pieds *Allah Akbar : « Dieu est grand »
Hors-RPG Pseudo : Deux Âge : 20 ans Comment trouvez-vous le forum (contexte, design) ? Un peu sombre, mais bien pour le reste. Comment avez-vous trouvé le forum ? C’est ma maman qui me l’a dit Avez-vous lu le règlement ? Avez-vous lu le contexte ?
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