Histoire
“The Nightmare Before Christmas” appartient à Tim Burton.
Les paroles des chansons du film appartiennent à Danny Elfman.
Je n’ai pas suivi l’ordre des chansons du film, et ne les ai pas toutes mises.
…
Mon passé? Personne ne le connaît et ne le connaîtra jamais. Mais bon, puisque votre sort et scellé maintenant… Pourquoi ne pas vous raconter mon histoire ?
Ma vie, pour faire simple, a toujours été rythmée comme ce dessin animé que j’affectionne tant… Comme The Nightmare Before Christmas.
…
I. This is Halloween.
Boys and girls of every age, would you like to see something strange ?
Je suis né à Tokyo il a 18 ans de cela, lors d’une nuit orageuse et sans lune, une nuit d’halloween. J’appartenais au clan de yakuza le plus puissant de la région du Kantô, les Akame, ou « les yeux rouges ». Ma famille avait une particularité ; à cause d’un défaut dans notre programme génétique, nous sommes tous nés avec les yeux rouges comme le sang, ce qui nous rendait encore plus effrayants pour les autres clans. Tout comme les enfants ont peur du grand méchant loup.
I am the one hiding under your bed, teeth ground sharp and the eyes glowing red
Mon Clan était surtout connu pour ses assassinats. Les autres clans nous engageaient, parce que nous étions, dans tout Tokyo, les professionnels du meurtre silencieux. Ce fut ce même succès qui nous attira des problèmes avec les autres membres de la mafia.
Life’s no fun without a good scare
That’s our job but we’re not mean
In our town of Halloween
Il y avait un Clan qui, depuis toujours, était ennemi du nôtre ; et jusqu’à mes dix ans, nous réussîmes toujours à nous en tirer avec eux.
Mais pas cette fois là.
Jusqu’à mes dix ans, ma vie avait été plutôt satisfaisante ; fils du Chef, j’étais choyé et vénéré par tous, surtout par mon cousin, Luciole, qui s’occupait de moi. Il était un peu mon frère, mon modèle. Quand mon précepteur (parmi la liste de tous ceux que j’avais rendus fous, juste pour m’amuser) ne venait pas me donner de leçons (ce qui arrivait souvent, puisque je les faisais tous fuir), je passais mon temps avec lui, qui m’apprenait les bases du combat et m’entraînait, pour que je puisse un jour devenir aussi fort que lui.
Oui, ma vie fut parfaite jusqu’à cette nuit funeste.
Le soir même de mon anniversaire, pour fêter l’occasion, Luciole m’emmena faire un tour avec lui en ville.
Lorsque nous rentrâmes, le domaine était étrangement calme. Il y a planait une atmosphère inquiétante, et tandis que nous passâmes la grande porte, un frisson de terreur nous parcourut l‘échine. Toutes les lumières étaient éteintes. Il n'y avait pas le moindre signe de vie, ce qui était étonnant, l‘endroit étant toujours très animé, de coutume.
Peut être étaient-ils simplement sortis? Ou peut être nous préparaient-ils une surprise?
Ca, pour une surprise, nous en eûmes une. Nous fîmes quelques pas de plus, pénétrant dans la cour intérieure, et vîmes, à nos pieds, du sang.
Les membres de notre clan dans un bain de sang.
Je poussai un cri de terreur.
En voyant les plumes blanches sur les corps, nous sûmes tout de suite qu’il s’agissait du Clan Susanoo.
Ride with the moon in the dead of night
Everybody Scream, everybody scream
In our town of Halloween
Pris de panique, sans écouter les cris de Luciole qui m’ordonnaient de revenir, je me mis à courir vers notre maison, appelant mes parents désespérément. J’explorai toutes les pièces, mais en vain; je ne les trouvai pas. Ils n'étaient pourtant pas avec les autres corps. C'était impossible. Ils ne pouvaient pas être morts, eux aussi...
Il n'y avait plus qu'un seul endroit où je n'avais pas regardé: leur chambre.
Lorsque j’ouvris la porte, je les trouvai, eux aussi, morts sur le sol.
Je tombai à genoux, et pleurai de désespoir et de colère.
Je sortis de la maison, les yeux brûlants et irrités par les larmes, pour retrouver mon cousin et lui annoncer la nouvelle. Mais le temps que j’avais passé dans la maison avait suffi à quelques sbires pour le supprimer, lui aussi.
Je n’avais pas assez d’eau dans mon corps pour pleurer toute la tristesse et la haine que j’avais à l’intérieur de mon être.
En une nuit, j’avais perdu toute ma famille.
En une nuit, j’avais tout perdu.
A dix ans, enfant de la mafia, j’avais déjà quitté depuis longtemps le tendre monde de l’enfance pour celui, froid et cruel, des adultes.
Et j’aurais préféré que cela n’arrive jamais.
A dix ans, j’avais déjà un lourd devoir de vengeance à porter.
This is Halloween, Halloween, Halloween !
In this town we call home, everyone hail to the pumpkin song.
…
II. Oogie Boogie’s Song.
Well, well, well, what have we here ?
Ce furent exactement ses mots.
Avec ses énormes lunettes noires, ce sourire improbable et cet air effrayant et sombre que lui seul avait, il m’avait toujours fait penser à ce personnage. Tout comme Oogie Boogie, au premier regard, jugé manipulateur, démoniaque, cupide.
Je relevai mes yeux vides vers cet homme étrange, vêtu d’un long manteau de fourrure violet à motif de léopard, qui me souriait.
Un large sourire, effrayant et malsain.
So you’re the one everybody’s talkin’ about ?
L’homme se présenta. Il disait s’appeler Raijin, chef du Clan du même nom, et grand ami de mon père. Il avait entendu dire que Susanoo planifiait de nous attaquer, et était venu aider. Mais en prévision, Susanoo avait envoyé d’autres hommes chez lui pour l’empêcher de nous prêter main forte.
Et, malheureusement, il était arrivé trop tard.
En effet, j’avais déjà vu cet homme. A l’une de ces grandes réunions secrètes où mon père et ma mère s’enfermaient dans une vaste salle avec une foule d’autres mafieux pour parler affaires (c’est à dire marché noir, drogue, prostitution et autres joyeusetés) pendant des nuits entières.
Mr Oogie Boogie says there’s trouble close at hand
You’d better pay attention now
‘Cause I’m the Boogie man
Raijin, d’un geste gracieux, retira ses horribles lunettes qui lui donnaient des yeux de mouche.
Il me demanda mon nom, et mon âge. Je ne sus d’où je trouvai la force de lui répondre.
Il me sourit de nouveau. Effrayant.
And if you aren’t shakin’
There’s something very wrong
‘Cause this may be the last time you hear the boogie song
Il me jura, sur son nom, qu’il allait m’aider à venger mon clan, en souvenir de son amitié avec mon père. A cet instant, il tendit sa main vers moi, et me proposa un marché.
Il m’aiderait si je venais avec lui et lui jurais allégeance totale. Et surtout, que j’acceptais de lui succéder.
Apparemment, il n’avait aucun héritier.
Moi qui n’avais plus rien (mis à part un gigantesque compte en banque auquel je ne pouvais encore toucher), ni d’endroit où aller, je ne pus qu’accepter. La proposition était trop belle pour la manquer.
Ce fut ainsi que Raijin m’adopta, et m’attira dans ses griffes.
It’s hopeless, you’re finished, you haven’t got a prayer
‘Cause I’m mister Oogie Boogie
And you ain’t going nowhere…
…
III. Kidnap the Sandy Claws !
Kidnap the Sandy Claws
Lock him up real tight
Throw away the key and then
Turn off all the lights !
Nous montâmes dans la large limousine noire, et un sbire en ferma la porte.
Suivis par une armée de voitures, nous nous rendîmes au lieu où résidaient Raiijin et son Clan, et ma nouvelle maison.
Dès que je posai un pied hors de la voiture, ce fut exactement comme si j’étais revenu chez moi ; sur mon passage, les hommes s’inclinèrent, et me souhaitèrent la bienvenue.
Je me tournai vers Raijin, incrédule, qui me souriait inlassablement.
C’était le début d’une nouvelle vie, pas si différente de l’ancienne, finalement.
A part qu’il ne me restait plus que cet homme étrange pour toute famille.
Raijin me donna une chambre, des serviteurs, tout ce que je demandais. En échange, je n’avais qu’à le suivre comme son ombre, écouter les leçons qu’il me donnait, et faire ce qu’il me demandait.
Kidnap the Sandy Claws
Throw him in a box
Barry him for ninety years
Then see if he talks !
Ce fut lui qui m’apprit tout ; je ne parle pas seulement de culture, mais aussi, de meurtre. Raiijin me donna un maître, et fit en sorte que, pour être digne de mon sang et de mes yeux, je devienne un tueur d’élite.
Soit dit en passant, il ne me donnait des cours qu’en anglais, pour que je devienne bilingue. Ce fut ainsi, en guise de récompense, qu’il me fit voir tous les Tim Burton.
The Nightmare Before Christmas resta jamais mon préféré.
Parce que j’étais aussi seul que Jack.
Il me donna un nouveau nom, et une arme ; un revolver en acier noir, Yami, « les ténèbres ». J’étais si adroit et si précis que, malgré mon jeune âge, je ne tardai pas à me faire connaître, et ce fut de là que mon nom vint. Kurogane. L’acier noir.
Pour prouver ma fidélité et mon appartenance au clan, on me tatoua un serpent noir sur le bras droit. Cela fit affreusement mal, et prit des heures ; mais lorsque le supplice fut terminé, je ressortis fortifié et plus fier que jamais.
J’avais de nouveau mon honneur, et surtout, un but.
J’allais tout faire pour devenir un parfait petit mafieux, et régler son compte à cet abject Susanoo et à son Clan, qui avait osé toucher à ma famille.
Malgré tout, j’avais perdu ma liberté, et j’étais devenu victime de mon propre destin.
Kidnap the Sandy Claws
See what we will see
Lock him in a cage and then
Throw away the key !
…
IV. Jack’s Obsession
Something’s up with Jack, Something’s up with Jack. (…)
He’s all alone up there, locked away inside
Never says a word, hope he hasn’t died
« Kurogane-san. C’est l’heure de votre entraînement. Venez immédiatement. »
J’entendais la voix sévère de mon maître qui m’appelait derrière la porte, mais même si j’avais plus peur de lui que du croque-mitaine, je ne me levais pas pour aller ouvrir. Je l’en réduisais à aller chercher quelqu’un pour ouvrir la porte. Même Raijin, qui était devenu un père à mes yeux, n’était pas autorisé à rentrer. Et cela durait depuis plusieurs semaines, depuis que j’avais eu mes quinze ans. Car j’étais occupé par quelque chose de plus terrible encore que l’entraînement de Masamune.
Something’s hidden through a door
No I do not have the key
Something’s here I cannot see
What does it mean ? What does it mean ?
Malgré l’aide et les soins de Raijin, avec le temps, j’allais de plus en plus mal.
Plus je vieillissais, plus mon devoir de vengeance devenait lourd sur mes épaules, et plus mon mal être grandissait. Moi qui n’étais pas déjà d’un naturel sociable, je m’enfermais dans ma chambre pour n’en plus sortir. Je passais mes journées enfermé dans mes cauchemars, ou bien entre mes draps à regarder le sang couler de mes poignets meutris…
Mais qu’avais-je donc?
Of course I’ve been too close to see
The answer’s right in front of me !
It’s simple really, very clear,
Like music drifting in the air !
J’avais déjà envie d’en finir; et je le savais, c’était ma vengeance qui en était la cause. Je ne pouvais plus supporter le poids de la culpabilité et du devoir que je ne supporte toujours pas ; mais paradoxalement, je ne me donnais pas le droit de mourir avant d’avoir rempli ma mission, ce qui m’obligeait à soigner mes plaies et aller suivre mes cours…
Mais que n’aurais-je pas donné à cette époque pour mourir…
Ce fut mon maître qui me sauva de cette épreuve et me ramena à la raison. Il fallait donc que ce soit ma détermination ma nouvelle raison de vivre, celle qui m’aiderait à tenir jusqu’au bout.
Eureka ! I’ve got it !
Cependant cette obsession ne m’a toujours pas quitté.
…
V. What’s This ?
I’ve never felt so good before !
Ce fut à cette même époque, sous les ordres de Raijin, que je commençai mon travail de tueur à gages, et aussi à être un peu plus libre. J’entends ici qu’après mes missions, il m’arrivait de me rendre à un certain endroit qui devint plus intéressant qu’il n’y paraissait… le Kabuki-Cho. Là-bas, alors que j’y étais seulement venu pour y trouver quelques informations, je fis la rencontre de quelqu’un de plus intéressant encore… Une certaine Phoebé que je commençai à connaître.. Comment dire… plus en profondeur, et qui m’apprit… Certaines choses. A commencer par l’existence de ce que l’on appelait les femmes.
This looks like fun, this looks like fun !
How could it be ? I got my wish
What’s this ?
Ne croyez pas par là que je fus un machiste né, ce qui aurait été faux ; jusque là, je n’y avais juste pas vraiment fait attention, préférant mes entraînements et mes leçons. Mais Phoebé se fit une joie de combler cette lacune, et m’apprit qu’on pouvait s’éprendre de celles-ci et partager avec elles certaines sensations assez... Agréables. Enfin, mais pourquoi me regardez vous comme si j’étais le Vicompte de Valmont? Bon d’accord, je dois l’avouer, je suis une sorte de libertin qui ne peut se passer des femmes. Bi et totalement libéré des mœurs, je suis un peu nympho sur les bords, pas mal de psychanalystes vous le diraient.
I simply cannot get enough !
Je me mis à fréquenter les soirées mondaines de la haute société tokyoïte pour me faire des relations, et les soirées plus sauvages, les orgies, les bordels. Je devins le Prince des paradis artificiels, du trafic de drogue et d’humains, et me faisais de l’argent de poche avec.
Oui je sais, je suis une personne égocentrique, cruelle et sans scrupules qui profitait tranquillement de la misère de ces gens qui appartenaient à ce monde pour subsister ; mais apprenez plutôt que la vie est injuste, très chers, et que si je souhaite le faire pour mon bon plaisir, je ne laisserai personne me dicter ma conduite.
Oh I want it for my own !
…Car c’est la seule chose qui m’aide à me sentir vraiment vivant. Plutôt comique, non? Pitoyable, même, si j’ose dire. Indigne de ma nature fière et de mon obsession de l’honneur.
WHAT IS THIS ?
…
VI. Jack’s Lament.
There are few who’d deny in what I do I am the best
For my talents so renowned far a wide
Plusieurs personnes dans ma vie m’ont toujours répété que j’étais parfait, que j’avais tout pour moi; que j’étais intelligent, beau à tomber, et que j’excellais dans tout ce que j’entreprenais.
When it comes to surprises in the moonlit night
I excel without ever even trying
Le meurtre est devenu pour moi un jeu d’enfant, et faisant partie des tueurs à gages les plus prisés de la ville, j’exerce mon art silencieusement, et en ne laissant aucune trace; je suis un assassin hors pair, et comme le dit si bien mon surnom, je suis né pour tuer.
Yet year after year
It’s the same routine
And I grow so weary of the sound of screams
And I, Jack, the Pumpkin King
Have grown so tired of the same old thing
Et pourtant, j’avoue que tout cela commence à me fatiguer. Si le meurtre, la proximité de la mort et du danger durant les missions rendaient ma vie un peu plus intéressante autrefois, aujourd’hui, j’en suis totalement lassé.
Oh, somewhere deep inside of these bones
An emptiness began to grow
Je ne sais plus la raison pour laquelle je m’accroche encore à cette existence ; la vengeance, la volupté valent-elles à ce point le coup de rester en vie?
But who here would ever understand
That the Pumpkin King with the Skeleton grin
Would tire of his crown, if they only understood
He’d give it all up if he only could
Si seulement j’avais tout abandonné ce jour là, ce jour funeste où on avait massacré mon Clan. Si seulement on m’avait tué, moi aussi.
Il faut que je me trouve une nouvelle raison de vivre…
Mais je ne suis pas Jack, et le village de Noël n’existe pas dans mon monde pour apaiser mes peines.
Oh, there’s an empty place in my bones
That calls out for something unknown
The fame and praise come year after year
Does nothing for these empty tears
…
Je ne m’appelle point Jack Skellington mais Akame Kuro, et vous venez d’entendre mon histoire.
Et maintenant, pauvre âme, puissiez vous reposer en paix en enfer… là où je vous envoie.