Vous voilà sur la Nef de la Pleureuse et du Fou, entre époques et continents... |
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| Le Papier & L'Acier {PV Kurogane} | |
| | Auteur | Message |
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Ryû Haru Sensei
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La vie d'avant... Date de Naissance: 12/02/1972 Âge du Personnage: 38 ans Lieu de Naissance: Japon - Okinawa
| Sujet: Le Papier & L'Acier {PV Kurogane} Mar 21 Sep - 18:45 | |
| La Nef - Salle de combat
Qu'allais-je bien pouvoir devenir ? Comment allais-je occuper cet éternel séjour à bord de ce vaisseau ? Ces deux questions me hantaient chaque jour et se rajoutaient au fait qu'il me serait sans doute impossible de rejoindre ma chère Catherine dans cet endroit que l'on nomme le Paradis. Même si je me dis athée, on a toujours l'espoir de poursuivre son existence ailleurs. Peut-être était-ce dans l'un de ces vaisseaux ? Après tout il n'était peut-être pas le seul.
Toujours est-il que dans la nostalgie qui m'habitait depuis ces dernières semaines passées dans la Nef, je choisis de me rendre à la salle d'entraînement pour retoucher à un boken. Je voulais ressentir à nouveau la texture lisse et chaude du bois tout en faisant évoluer une lame.
Aidé de ma fidèle canne, je me dirigeais facilement vers la salle qui dégageait une odeur bien distincte, celle du cuir des tatamis. Dès mon arrivée, je pris la direction du fond de la salle. En laissant traîner ma main sur le mur, je rencontrais les armatures en bois où étaient rangés épées, lances, arcs, flèches, gants, ceintures, et bien d'autres accessoires et armes encore.
Laissant tomber soigneusement ma chemise, je me séparai de ma canne pour enfin saisir un des bokens entreposés sur le mur. Je fis quelques mouvements d'échauffements pour enfin me faire plaisir. J'étais seul, cela tombait bien car je ne voulais pas qu'on me dérange en cet instant de calme et de tranquillité où seuls moi et un boken communions à travers l'art subtil du sabre.
J'étais un véritable passionné de l'Histoire, et des samouraïs tout particulièrement. C'est donc naturellement que la pratique du sabre vint à moi. C'était l'une des dernières choses qui me relaxaient et me faisaient avancer dans la vie. Alors que certains naufragés de la Nef vivaient cette expérience comme un véritable emprisonnement, je compris dans mes méditations que nous étions là pour une raison. Une raison qui nous échappait bien sûr. J'étais professeur d'Histoire après tout, et sans que ma discipline ne soit une science exacte, l'Histoire apportait la preuve que chaque événement dans l'existence avait une origine, une raison, et surtout un but.
Dans l'accomplissement de mes katas et de mes méditations, j'espérais trouver la patience d'attendre le moment venu où la vérité sur notre arrivée ici serait dévoilée. Au milieu d'un de mes enchaînements, j'entendis une personne arriver dans la salle d'entraînement. Je la sentais me fixer, quand me vint une légère odeur de parfum un peu corsé comme remplie de caractères. C'était un homme. Ce que je ne savais pas en revanche, c'était de savoir ce qu'il me voulait.
Je décidai de stopper mon kata, et de passer tout de suite à la méditation pour filer. Mon invité surprise souhaitait sans aucun doute s'entraîner lui aussi. La salle était très grande pourtant, mais bon comme je vous l'avais dit, je voulais être seul. Alors que je me concentrais dans l'exercice le plus humble de la pensée, je sentais un regard planer comme une gêne désagréable. Il ne le faisait sans doute pas exprès, mais je le vivais ainsi.
Après quelques minutes, je réussis à m'inonder dans un quasi-vide où mon esprit droit venait triompher sur mon esprit gauche individuel et raisonné. Même après des années de pratique, je ne parvenais pas à atteindre ce stade où le corps ne faisait qu'un avec son environnement. Certains moines m'avaient transmis leur joie profonde qu'ils ressentaient quand ils réussissaient à atteindre un stade d'harmonie pure. A cette époque, je pensais que ce stade n'était qu'un mythe, une légende, le simple fait de pratiquer une méditation me faisait plaisir. Aujourd'hui, je savais qu'il était fort possible que ces moines m'aient bien dit la vérité. | |
| | | Kurogane
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La vie d'avant... Date de Naissance: 31/10/2001 Âge du Personnage: 18 Lieu de Naissance: Tôkyô, Japon
| Sujet: Re: Le Papier & L'Acier {PV Kurogane} Jeu 23 Sep - 14:09 | |
| Lorsqu’il fermait les yeux, il s’en souvenait encore. Les pétales blanches des cerisiers en fleurs au printemps. La chaleur étouffante de l’été, et les lumières des lanternes de l’Obon. Les érables rouges et oranges en automne. La neige qui tombait sur Tokyo en hiver. Même si Kuro avait vécu presque comme un soulagement le fait d’avoir échappé à sa vie dans la mégalopole, il ne pouvait pas s’empêcher d’être nostalgique. Le Japon lui manquait cruellement. Il faut dire que sur cette Nef, le paysage ne changeait jamais. Cela faisait une éternité qu’il ne voyait plus les étoiles et la lune que dans les films de Tim Burton qu’il se passait en boucle. Et malgré tout ce qu’il avait vécu dans sa ville d’origine, il aurait donné n’importe quoi pour y retourner, juste une journée. Il n’y avait même pas d’autre japonais, sur ce fichu rafiot. Il était seul, seul à comprendre ses références culturelles, seul à regretter le rythme des saisons si cher à son peuple, seul à repenser aux okonomiyaki, aux purikura et aux lycéennes en jupette. Et même s’il comprenait tout le monde, ici, puisque la traduction entre les habitants était automatique, cela faisait si longtemps qu’il n’avait entendu quelqu’un d’autre parler vraiment le japonais comme lui. Seuls ses CD de J-rock miraculeusement trouvés dans le bric-à-brac de la Nef le faisaient encore pour lui. En un mot : Kuro avait le mal du pays, et ce mal le déprimait depuis quelques temps.
Allongé sur son lit, un casque sur les oreilles, le jeune homme regardait le plafond. Dans ses oreilles, le son de LM.C explosait. Un de ses groupes préférés. Celui qu’il se passait pour se redonner un peu le moral lorsqu’il passait par ce genre de déprime. Mais cette fois-ci, « Oh my Juliet » ne vint pas à bout de son coup de cafard. Il faut dire qu’à cet instant, il en était arrivé à un point où il n’avait même pas envie de voir Nephtys pour l’embêter un peu. Il n’avait envie de rien faire. Las, il poussa un long soupir, arracha le casque à ses oreilles, et le posa sur la table. Puis, tout aussi abattu, il s’assit sur le lit, et éteignit la chaîne hi-fi. Il regarda le cd tourner doucement, puis s’arrêter. Quelle journée de merde. Se reprenant brusquement, lui qui détestait se voir aussi amorphe, il se leva, et sortit de la pièce. Ce qu’il lui fallait, c’était se changer les idées. Peut-être aller lire un bouquin à la bibliothèque ? Ou voir un film dans l’amphithéâtre ? Soudain, une idée géniale traversa son esprit malade. Ce qu’il lui fallait, c’était un peu de sport. Il n’y avait rien de meilleur que l’entraînement pour se détendre et voir ses soucis disparaître avec la fatigue. Mais cette fois-ci, ce n’était pas au tir qu’il fallait qu’il s’entraîne. Non, ce qu’il lui fallait, c’était les arts martiaux qu’il avait appris dans son pays. Depuis son dernier combat avec Nephtys, donc, pas mal de temps, il n’avait pas fait l’effort de les pratiquer. Un peu plus gai à cette idée, il rentra dans sa chambre une seconde pour attraper son hakama et son keigogi dans le placard (vêtements qu’il avait aussi miraculeusement trouvés dans le bric-à-brac de la Nef) et se précipita dans le couloir pour se rendre en salle d’entraînement.
Une fois dans le vestiaire, dans lequel on pouvait passer directement avant de rentrer dans le dojo, Kuro se débarrassa de ses vêtements et revêtit la tenue avec application, comme il l’aurait fait avant un entraînement avec un maître, au Japon. Avant tout, le keigogi, haut de kimono court s’arrêtant aux hanches, pan gauche sur le pan droit. Puis, le hakama. D’abord, les pans de tissu de devant, qu’on faisait passer deux fois autour de sa taille, et attachait devant ; puis, ceux de derrière qu’on nouait avant de les cacher dans les pans de devant. Une fois cela fait, le japonais plia ses vêtements qu’il rangea dans un casier, et se regarda dans un miroir près de là. Il ne put s’empêcher de sourire. Cela faisait si longtemps. C’était tout de même bon, parfois, de reprendre les bonnes vieilles habitudes. C’était sécurisant.
Une chanson de LM.C aux lèvres, à présent tout content, il passa la porte du vestiaire et s’engouffra dans le dojo. Sur le seuil, il s’inclina respectueusement, et entra. Ce fut à cet instant, lorsqu’il releva les yeux, qu’il vit un homme debout au fond de la pièce.
« O jama shimas*… » Murmura-t-il en se redressant, en signe de respect envers cet inconnu qui s’entraînait aussi. *Je me permets d’enter/Désolé du dérangement.
Comme il était de dos, Kurogane ne put pas étudier ses traits, mais cet homme avait l’air plus vieux que lui. Peut-être un peu plus de la trentaine. Plus surprenant encore, il s’entraînait au boken. Cette vue fit sourire l’adolescent. D’abord, parce que d’habitude, personne à part lui ne s’entraînait à la maîtrise du sabre, même si lui préférait nettement les armes de tir. Ensuite, parce que tous les non japonais qu’il avait vus de son « vivant » les manier ne le faisaient pas aussi bien que ses compatriotes. Commençant à s’échauffer dans son coin, il décida d’observer l’inconnu, histoire de s’amuser un peu. Cependant, le jeune homme eût la surprise de constater, ce qui lui arracha un soupir d’admiration, que l’inconnu maîtrisait parfaitement ses kata. Pire encore, il les exécutait tous avec grâce et précision, comme un vrai maître. Kuro n’en revenait pas. Cet homme, qui avait d’abord juste attiré son attention, commençait à véritablement l’intéresser. Il devait absolument savoir qui il était et d’où il venait. Et surtout, comment il avait appris à manier aussi bien le sabre. D’un ton calme et d’une voix plutôt basse, alors qu’ils étaient pourtant tous seuls, comme s’il n’osait pas le déranger, il demanda :
« Heu… Excusez-moi, mais… Où est-ce que vous… »
L’inconnu se retourna brusquement vers lui. Et lorsqu’il vit enfin son mystérieux visage, les yeux rouges de Kurogane s’écarquillèrent. Il poussa un cri de surprise.
« USO ! NIHONJIN ! HONMONO DA* ! » *(lge de jeune h : Incroyable ! Un japonais ! Un vrai !)
Impossible. Vraiment Impossible. C’était bien trop beau pour être vrai. Après tout ce temps passé ici, il avait enfin trouvé un vrai japonais ! KAMI-SAMA, ARIGATÔ ! A présent tout excité, comme un gamin qu’on emmène pour la première fois à Disney, il balbutia, en s’inclinant (ce qu’il n’aurait jamais fait à Tokyo, d’habitude, mais il était trop heureux pour ne pas être poli avec cette homme) :
« Heu, je… Je m’appelle Kurogane… Je viens de Tokyo, en 2019. Enchanté. »
Il n’osa pas lui dire tout de suite qu’il était yakuza, même si cela s’entendait sûrement à sa façon de parler, de peur de le faire fuir. Il s’empressa de demander, toujours aussi enthousiaste, les yeux brillants d’impatience :
« Et vous, vous venez de quel région ? Quelle année ? Du vingtième siècle, hein ? Vous êtes bien japonais, pas vrai ? Votre maîtrise du sabre est exceptionnelle… Vous êtes un maître ? »
* Génial, je vais pouvoir m’entraîner avec lui et l’appeler sensei !! * Pensa-t-il, au bord des larmes.
Jamais il n’avait été plus heureux depuis des semaines, même si, sur cette Nef, on ne pouvait parler de semaines car le temps ne passait pas. Il lui tardait d’en savoir un peu plus sur cet homme. Ce fut d’ailleurs à cet instant, au comble de son enthousiasme, qu’un détail attira son attention. Il avait été bien trop occupé à poser ses questions pour ne pas l’avoir remarqué plus tôt. Cet homme avait les yeux fermés. Et lorsqu’il s’était retourné, il ne les avait pas ouverts. Se pourrait-il qu’il soit aveugle ?
« Vos yeux… » Murmura l’adolescent, l’air songeur.
On dirait que Nephtys n’était pas la seule à avoir des problèmes de vue, sur ce bateau. | |
| | | Ryû Haru Sensei
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| Sujet: Re: Le Papier & L'Acier {PV Kurogane} Jeu 23 Sep - 16:46 | |
| Plongé au cœur de ma méditation, j'oubliai l'espace d'un instant cette prison pour renouer avec la sérénité. C'était grâce à mon amour du sabre que je tenais bon dans la nef. La méditation me rappelait la certitude que ma présence ici n'était pas le fruit du hasard. Je devais à présent me souvenir de toutes les paroles que les moines me disaient dans ce monastère. Paroles qui me semblaient aussi sages qu'inaccessibles. Mais en ce lieu, je vivais un véritable sevrage qui m'emmenait au delà de mon être.
Au travers cette admirable pensée, ma méditation se stoppa pour laisser entrevoir un souvenir. Frère Saru m'avait dit que si je réussissais à dépasser ma condition d'être humain, et que je me fixai constamment à un idéal, je deviendrai autre chose. Il se refusa de me dire ce que cela était, mais je supposai fortement que cette chose était au dessus du conscient des mortels, quelque chose de supérieur qui me faisait penser à l'illumination que beaucoup de religieux attendaient patiemment.
Mais le souvenir de frère Saru se dissipa soudainement par les paroles d'un étranger. Sa voix me tira de ma méditation, et je repris conscience de la réalité de ma posture en lotus jusqu'à l'odeur de la pièce. J'aurai tant aimé être seul, mais hélas cet homme qui se tenait derrière moi ne le comprenait pas. Je ne faisais tout d'abord pas attention à ces paroles. Je manquai cruellement de politesse envers lui, mais tout d'un coup je me rendis compte que cette personne avait un timbre de voix tout à fait particulier. Et plus encore, il parlait japonais.
- " Heu, je… Je m’appelle Kurogane… Je viens de Tokyo, en 2019. Enchanté. "
Alors que je restai là assis, il se présenta aimablement. Puis, je sentis une excitation le gagner, et le flot de ses paroles vint s'abattre sur moi.
- " Et vous, vous venez de quel région ? Quelle année ? Du vingtième siècle, hein ? Vous êtes bien japonais, pas vrai ? Votre maîtrise du sabre est exceptionnelle… Vous êtes un maître ? "
Au son de sa voix, je devinai qu'il devait être jeune. J'avais l'habitude de travailler avec des élèves qui avaient cette même énergie dans leur voix. Mais plus que cela, son timbre me faisait penser à un ... Puis, il me demanda si j'étais un maître. Un sourire se dessina sur mes lèvres. Je n'avais rien d'un maître dans l'art du sabre, en même temps je pouvais difficilement me voir. Je me redressai et me tournai à présent vers lui.
- " Vos yeux… "
Il avait remarqué ma cécité, mais cela m'était indifférent. Je marchai jusqu'à ma chemise et ma canne. Après avoir enfilé mon habit et reprit mon bâton dans la main droite, je reposai le boken à sa place. J'hésitai à partir sans même lui adresser la parole pour une raison qui m'échappait. Cependant, n'était il pas déplacé de ma part de lui rendre ce même respect qu'il avait eu envers moi en se présentant. Je décidai alors d'engager la conversation avec ce jeune homme qui se nommait Kurogane, un prénom qui se mariait que trop bien à sa voix à mon goût.
- " Vous me paraissez bien énervé, monsieur Kurogane. Mais cette énergie vous sera fort utile si vous comptez vous entraîner. Excusez moi, j'en oublie déjà les présentations. Je m'appelle Ryû Haru, autrefois professeur d'histoire. "
Je coupai mes paroles à cet instant, quand je percutai sur un détail concernant monsieur Kurogane. Mais alors que cette révélation me donna une sueur froide, elle se dissipa aussitôt pour se transformer par de l'intérêt. Que pouvait-il bien m'arriver ?
- " Vous savez qu'il est presque gênant de poser autant de questions à la suite à un inconnu ? Mais je dois vous avouer que c'est la première fois que je croise un japonais sur ce vaisseau. Alors je veux bien passer outre. Je suis effectivement né au vingtième siècle sur l'archipel de Ryukyu à Okinawa. " | |
| | | Kurogane
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La vie d'avant... Date de Naissance: 31/10/2001 Âge du Personnage: 18 Lieu de Naissance: Tôkyô, Japon
| Sujet: Re: Le Papier & L'Acier {PV Kurogane} Lun 27 Sep - 1:04 | |
| Sans dire mot, l’adolescent dévisageait son aîné qui lui tournait le dos, attendant désespéramment une réponse de sa part. Mais il semblait que clore sa séance d’entraînement était plus important à ses yeux. Il sembla même avoir un instant d’hésitation, comme s’il voulait quitter la pièce. Vexé, l’adolescent grogna. Il n’allait tout de même pas oser s’en aller comme ça, et le laisser en plan, alors qu’il lui avait fait l’honneur de se présenter poliment ? Kuro serra les dents. Dire qu’il en avait tué pour moins que ça, lorsqu’il était encore à Tokyo. Cet homme ne semblait pas très bavard, et surtout, pas très sociable, il faut dire. Le jeune homme en vint presque à regretter le nombre exagéré de questions qu’il lui avait posé, pris par l’enthousiasme. Pourvu qu’il ne se soit pas senti agressé. Et puis, finalement, qu’il soit aveugle était une chance ; ainsi, cet inconnu n’avait pu remarquer ses yeux rouge rubis, ni le long tatouage de serpent noir sur son bras droit, tous deux signes d’appartenance à un clan de yakuzas. Forcément, tout japonais normalement constitué fuirait devant un yakuza. Après tout, même si, depuis qu’il était sur la Nef, il se forçait à échanger son horrible japonais argotique de yakuza contre la langue standard de Tokyo, il lui restait toujours des intonations qui ne passaient pas inaperçues. Et sûrement pas à l’oreille d’un aveugle. A cette pensée, Kuro se mordit les lèvres. Pourvu que ce gars soit vraiment, vraiment ouvert d’esprit. Sinon, il pouvait dire au revoir à son rêve de toute relation maître/élève avec lui. Cependant, le surprenant comme jamais, l’homme finit par répondre, et même par se présenter à son tour. Subjugué, et surtout pris au dépourvu, il n’osa rien dire, et se contenta d’écouter. Des excuses ? Bon, ça commençait bien. Il avait dû se rendre compte de l’impolitesse et du manque de respect dont il avait fait preuve. Décidément, il y avait beaucoup de gens téméraires, sur ce bateau. Pff. Ils avaient de la chance. Si tout cela avait eu lieu à Tokyo, ça ne se serait pas passé ainsi. Un professeur ? Intéressant. Non seulement il était doué en arts martiaux, mais en plus, il était cultivé. Tiens, tiens… Il avait dû avoir du succès auprès des femmes, de son vivant, celui-là. Mais Kurogane s’arracha lui même à ses divagations, et tenta de se concentrer sur le reste d’informations que son interlocuteur voulait bien lui offrir. Un professeur, c’était une bonne nouvelle. Cela signifiait qu’il était sûrement droit de nature, et qu’il ne devait pas détester les jeunes. Donc, il n’aurait à priori pas de mauvaise surprise avec lui. Et puis, peut-être qu’il pourrait lui enseigner quelques petites choses en histoire. Le jeune homme était curieux, et même s’il n’aimait pas travailler pour ses professeurs, autrefois, juste par esprit de rébellion, il aimait apprendre. L’histoire était d’ailleurs une de ses matières préférées. Il faudrait qu’il en profite pour parler de samouraïs et de shogun avec lui. La remarque désagréable à laquelle il s’attendait vint finalement. Oui, il avait été un peu lourd, il devait l’avouer. Mais le professeur ne pouvait pas lui jeter la pierre. Lui, il venait juste d’arriver. Peut-être qu’il aurait réagi de la même façon si, lui aussi, il avait passé du temps sur la Nef sans voir un seul de ses compatriotes. A ces mots, l’adolescent grogna et détourna le regard, pour montrer qu’il était vexé. Non mais, pour qui il se prenait, ce vieux snob ? Savait-il à qui il s’adressait de la sorte ? Malgré tout, le jeune homme préféra ne pas l’interrompre. Alors comme ça il venait d’Okinawa, hein ? Kuro avait reconnu son accent dès les premiers mots qu’il avait prononcés. Il n’était jamais allé à Okinawa. En fait, il n’avait pratiquement jamais quitté Tokyo de sa vie. Mais il avait entendu dire que c’était un endroit très agréable où passer des vacances. Qu’il y faisait chaud et beau, que le sable y était blanc, la mer turquoise, et l’architecture très intéressante. Enfin, ça ne servait plus à rien d’y penser, maintenant. Il n’irait jamais à Okinawa. Cette pensée lui arracha un soupir, comme à chaque fois qu’il repensait au Japon.
« Vous avez de la chance d’être né dans le Sud. Tokyo, c’est l’enfer. » Murmura-t-il.
Beaucoup de japonais le disaient, après tout. Sa remarque aurait pu donc sembler tout à fait commune. Mais lorsqu’on savait qu’il était yakuza, elle prenait soudain nettement plus de sens. Kurogane dévisagea de nouveau son aîné sans dire mot, l’air songeur. N’avait-il toujours rien remarqué ? Ou alors, savait-il déjà, depuis que l’adolescent avait ouvert la bouche, et, dans ce cas, n’osait-il rien dire ? Pourquoi ? Parce qu’il avait peur de lui ? Ou bien parce qu’il craignait de le blesser ce faisant ? Le jeune homme baissa les yeux au sol. Cette question n’aurait jamais de réponse s’il n’osait pas la poser lui même. Mais la peur d’être rejeté subsistait. Lui qui avait eu la chance de trouver enfin un autre japonais, en plus qui était à peu près de son époque, étant donné que le garçon n’avait vécu qu’au début du vingt-et-unième siècle, il ne voulait pas la laisser passer. Malgré tout, Kuro était lucide. Il finirait bien par s’en rendre compte, si ce n’était pas déjà le cas. Et un homme qui semblait aussi droit et franc ne devait pas apprécier le mensonge et les cachotteries. Autant lui dire tout de suite. Cela mettrait fin à ses interminables questions. Et puis, avec un peu de chance, il était assez gentil pour passer outre ce vilain détail. Ce mystérieux Haru-sensei avait l’air d’être un homme bien, après tout.
« Vous devez sûrement vous en être déjà rendu compte mais… Je suis un yakuza. » Déclara-t-il, d’un ton ferme.
Il se tut un instant, comme si la pression qui montait doucement l’empêchait lui même de parler franchement, et il ajouta, en regardant l’homme dans ses yeux qu’il gardait fermés :
« Je ne sais pas en quelle année vous avez quitté la terre, mais… vous avez sûrement entendu parler du Clan Akame, autrefois. Il a été massacré en 2011. J’en faisais partie. J’ai été recueilli par le chef du Clan Raijin. J’étais censé lui succéder. »
Le jour même de son anniversaire. Dire qu’il avait tout perdu, alors qu’il n’était encore qu’un gosse. Cela expliquait beaucoup de choses sur son caractère si spécial, et surtout, sur son côté grand enfant qui surgissait parfois. Il faut dire que, malgré ce qu’il en pensait, cette Nef ne lui avait pas fait de mal. Loin de la mafia et de Tokyo, il pouvait essayer de changer ; mais surtout, avoir un regard critique sur ce qu’il avait fait, par le passé. Et ce n’était pas bien joli. Il ajouta alors, cynique :
« Vous devez vous en moquer. Mais j’aimerais savoir si, malgré tout, ça ne vous dérange pas. Pour les autres, je m’en fichais, mais… Comme vous êtes japonais… Je préfère savoir tout de suite si je perds mon temps avec vous. »
A ces mots, son regard était empreint de détermination et de franchise. Mais Ryû ne le saurait jamais. Il n’y avait que la voix du jeune homme qui pourrait peut-être plaider en sa faveur. | |
| | | Ryû Haru Sensei
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| Sujet: Re: Le Papier & L'Acier {PV Kurogane} Dim 10 Oct - 14:28 | |
| Ainsi donc, j'apprenais que le jeune homme qui se tenait devant moi était le dernier représentant du clan Akame. Le clan Akame, des yakuzas ... Quel gâchis. Oui quel gâchis quand on savait qu'autrefois, qu'il s'agissait d'un clan respecté de valeureux samouraïs. Pour une raison qui m'était totalement étrangère, Kurogane semblait s'intéresser à moi, comme si ma venue symbolisait quelque chose pour lui. Qu'attendait-il de moi ? Je n'en savais rien, mais peu importe qui il fût par le passé, sur la Nef, nos compteurs à tous étaient comme remis à zéro.
- “Le clan Akame dis-tu ? Non, je ne fréquentais pas la mafia sur Terre. Néanmoins, je connais beaucoup plus le clan des yeux rouges, un puissant clan de samouraïs du 14ème siècle. “
Quand au second clan qu'il me parlait, il m'était aussi complètement inconnu, mais rien que le nom "Raijin" me fit comprendre que cette famille était un clan très dangereux ou d'une profonde arrogance. Prendre le nom d'un dieu était tout de même assez osé, même venant d'un parrain de la mafia japonaise. Puis Kurogane poursuivit notre conversation.
- " Vous devez vous en moquer. Mais j’aimerais savoir si, malgré tout, ça ne vous dérange pas. Pour les autres, je m’en fichais, mais… Comme vous êtes japonais… Je préfère savoir tout de suite si je perds mon temps avec vous. ”
Voilà qui était très intéressant. De part mes origines japonaises, ce gamin s'intéressait à moi. Il devait se sentir bien seul sur cette Nef, tout le monde l'aurait été me diriez vous. Mais de la part d'un yakuza, c'était plus surprenant. Je sentis un ton de franchise et un regard rempli de détermination se poser sur moi. Sans le faire attendre et pour le rassurer, je lui répondis.
- “ Pff ... Yakuza ou non, qu'est ce qu'on en a à faire ici ? Beaucoup de gens croient que ce qu'ils leur arrivent ici est une véritable malédiction voire même une punition pour les pêchés qu'ils auraient commis sur Terre. Je ne partage pas leur opinion. Peu importe qui tu étais, ce n'est pas ce qui s'est passé qui est important, mais c'est ce que tu seras qui m'intéresse. Et ne prends pas cet air si déterminé devant moi, ce n'est pas parce que je suis aveugle que je ne sais pas ce qui se passe. ”
Je restais là, présent devant Kurogane. J'espérais que mes paroles avaient su le convaincre. Mais peut-être en avais-je trop fait ? Ma nature à enseigner ressortait de moi sans doute. En tant que professeur, j'avais l'habitude d'aider ces jeunes ados à trouver leur voie et un sens à leur vie. Mais étais-je assez sage pour ça, moi qui étais encore hanté par le décès de ma femme.
# FLASHBACK #
2007 – Japon – Ile d'Okinawa
- “ Comment tu te sens aujourd'hui ? “ - “ Bien, ne t'en fais pas. Je me sens même mieux ici. “ - “ Tu as juste un mot à dire, et je te ramène à l'hôpital. “ - “ Tu dis ça même tu réagirais comme moi, je suis sûre. “ - “ Certainement ... “ - “ Hey ... C'est moi qui devrait faire cette tête. “ - “ Je suis si malheureux de te savoir aux portes de ... “ - “ Chut ... Calme toi. Des instants de malheur pour gagner des moments de bonheur. “ - “ Ce malheur est si grand ! “ - “ Alors, tu n'en seras que plus récompensé. Maintenant, embrasse moi. “
Quelques jours plus tard, Catherine nous quitta pour rejoindre les ancêtres. Mais juste avant qu'elle ne plonge dans son sommeil éternel, elle me prononça ces mots qui se gravèrent à jamais dans mon âme.
- “ Ne gâche pas ta vie à me pleurer, vas de l'avant, nous nous reverrons ... mon amour. “
# FLASBACK #
C'est peut-être pour cela que je fus envoyé sur la Nef. Au lieu de t'écouter, j'ai préféré ne pas t'oublier, mais en se faisant j'en payais le prix fort, j'étais torturé de ne plus te savoir à mes côtés. Ici, sur ce vaisseau, j'avais décidé d'en finir. Avec patience, je voulais me pardonner de ne pas t'avoir sauver.
Tout le monde ici avait un but. Et Kurogane et moi avions probablement le même. Celui de retrouver une paix intérieure pour tourner notre regard vers le futur. Quand cela sera fait, nous aurons l'espoir de revenir sur Terre, j'en étais persuadé. | |
| | | Kurogane
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| Sujet: Re: Le Papier & L'Acier {PV Kurogane} Lun 8 Nov - 1:14 | |
| Debout sur les tatamis, comme un véritable gamin, Kurogane trépignait d’impatience. Il ne savait pas pourquoi, mais cet aveugle et ses manières le rendaient nerveux, affreusement nerveux. Inconsciemment, il chercha sa poche pour y prendre son zippo, et se rendit compte qu’il portait un hakama. L’adolescent poussa un grognement, et se mordit les lèvres. Une cigarette. Voilà ce qu’il lui fallait pour se calmer. Mais il n’était pas prêt d’en fumer une avant une bonne demi-heure au moins. Damned. Et pourquoi est-ce que l’opinion de cet homme qu’il venait à peine de rencontrer comptait tant à ses yeux ? Il était japonais, d’accord, mais ce n’était pas une raison suffisante pour cela. De son vivant, lui qui était si hautain et fier, jamais il ne se serait soucié ainsi de la façon dont on le voyait. Mais cet homme, ce mystérieux professeur, il était différent. Il ne savait pas pourquoi, mais pour une fois, il avait envie de gagner son estime. Peut-être parce qu’il lui inspirait la sagesse et la droiture. Deux grandes vertus que Kurogane ne se connaissait pas. Pour la première fois, il avait envie qu’on le voie autrement que comme une menace ou un débauché. Il faut dire qu’il n’avait pas fait beaucoup d’efforts pour, jusqu’à maintenant. Il avait terriblement envie de lui montrer qui il était, à l’intérieur. Une âme noire et brisée par le chagrin et la haine, dissimulée sous sa fierté trop grande. En bon émo qu’il était, il avait envie qu’on l’aide. Même s’il refusait de se l’avouer, il avait besoin d’un guide pour l’aider à se sortir des ténèbres qui l’avaient englouti depuis l’enfance.
Les paroles du professeur, qui l’avait fait tant languir avant de répondre, l’arrachèrent à ses sombres pensées, et ne manquèrent pas de le surprendre. Toujours aussi spontané, sans s’en rendre compte, il écarquilla les yeux. Son clan disparu, un ancien clan de samurai du quatorzième siècle ? Incroyable. Mais pas impossible. Pourquoi est-ce que personne dans sa famille ne lui en avait jamais parlé, auparavant ? Les Akame l’ignoraient-ils eux mêmes ? Non. Ils avaient juste dû penser que ce n’était pas nécessaire de le préciser. Ou peut-être en avaient-ils honte. Peut-être ses ancêtres étaient-ils devenus déviants pour se rebeller contre le pouvoir impérial ou contre un shogun. Il faudrait qu’il pense à chercher dans les vieux livres d’histoire de la belle bibliothèque de la Nef, pour voir s’il n’y avait pas quelque chose là-dessus. Mais cela, il le ferait plus tard. Pour l’instant, il fallait en découdre avec ce vieux trentenaire qui lui donnait bien du fil à retordre. Etrangement, les paroles du professeur le soulagèrent ; comme si cette révélation lui avait retiré un poids. Il n’avait pas en soi honte d’être yakuza ; il était né ainsi, c’était son destin, et personne n’était libre de choisir ce qu’il voulait être, après tout. Au contraire, il lui était même arrivé d’en être un peu fier, parfois. Cependant, c’était tout ce qu’il avait bien pu faire en tant que tel sur terre qui le rendait bien moins fier. Lui parler de sa famille comme un clan de samurai, qui représentait pour tout japonais un idéal d’honneur et de modestie l’avait plutôt flatté. Lui qui avait détourné le regard, il se risqua à dévisager de nouveau l’aveugle. Peut-être qu’il n’était pas digne de respect, mais Kuro pouvait se vanter d’être franc, au moins. Il était vrai jusqu’au bout des ongles. Le professeur avait dû le sentir.
« Ah… Je ne savais pas. » Répondit-il, d’un ton plat, toujours quelque peu gêné. « C’est… Surprenant. »
Il n’était plus en position de force dans la discussion. L’avait-il seulement été, après tout ? Kuro déglutit difficilement. La prestance de ce professeur l’écrasait. Et il détestait ça. Lui devant qui les autres s’inclinaient autrefois, il haïssait la simple idée de se sentir inférieur. Mais maintenant qu’il s’était mis en tête de gagner le respect de cet homme, il ne pouvait pas partir ainsi, d’un coup. Cela signifierait rendre les armes devant lui. Et Kurogane était beaucoup trop fier pour laisser quiconque le ridiculiser de la sorte.
* Il m’énerve, ce mec… Bon sang… Je ne devrais pas me sentir mal, à côté de lui… Ce n’est qu’un simple professeur. Alors pourquoi est-ce que j’ai l’impression d’être… Ah ! J’ai l’air complètement con. Raijin se foutrait bien de moi. *
Plus il le regardait, et plus quelque chose lui disait que lui aussi avait beaucoup souffert. Quelque chose dans son attitude taciturne, ses paroles sages et réfléchies, son ton morne et froid. Se pourrait-il que lui aussi ait perdu un être cher par le passé ? Qu’il ait connu la même solitude et la même amertume de n’avoir rien pu faire pour sauver cet être cher ? Mais l’adolescent se dit que ce n’était pas le bon moment pour en parler, à moins de vouloir couper court à tout espoir de mieux faire connaissance avec lui. Le monologue de Ryû le surprit, et lui arracha même un sourire narquois. Ses yeux rouges se mirent à briller de malice. Alors il le prenait comme ça ? Est-ce qu’il se moquait de lui ? Est-ce qu’il le défiait, par ses paroles arrogantes ? Pas de chance. Kuro avait toujours adoré jouer à ce genre de petit jeu. Il rétorqua, d’un ton insolent, avec ce même air hautain :
« Ah oui ? Parce que vous êtes content d’être ici, vous ? De qui vous vous fichez ? Osez me dire que vous n’avez rien à regretter de votre vie sur terre… »
Il s’approcha de l’aveugle, et, ses manières de yakuza reprenant le dessus, avec un air menaçant, il se posta face à lui. Gardant son visage très près du sien, en signe de provocation, il lança alors, à voix basse :
« Vous vous donnez l’air détaché, comme un moine qui se moque des autres humains et de leurs passions, du haut de sa petite tour d’ivoire. Mais dites-moi, sensei. Est-ce que vous croyez qu’on peut changer comme ça, du jour au lendemain ? »
Il ajouta, d’un ton plus ferme, cette fois-ci plus sérieux :
« Est-ce que vous avez l’arrogance de penser que vous êtes capable, avec vos belles paroles, de me laver de mes pêchés et de faire de moi quelqu’un d’autre ? Je serais curieux de voir ça. »
Kurogane faisait partie de ceux dont Ryû avaient parlé, qui parfois voyaient la Nef comme un purgatoire. Une possibilité de se racheter, mais sans savoir ce qui les attendait au bout, entre la vie, la mort, l’enfer, le paradis. Le jeune homme se moquait de lui, mais en réalité, il avait désespérément besoin d’un maître pour lui montrer la voie. Il ne restait plus qu’à voir si le professeur serait capable de relever un tel défi. L’adolescent en riait déjà d’avance. Il était pourri jusqu’à l’os, il le savait. | |
| | | Ryû Haru Sensei
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| Sujet: Re: Le Papier & L'Acier {PV Kurogane} Ven 12 Nov - 0:43 | |
| Et bim ! Prends cela dans tes dents Ryû ! Kurogane ne se laissait pas faire. Je m'y attendais, c'était prévisible, car j'avais déjà compris que le jeune homme avait un caractère bien trempé. Vous me direz sans doute, dis donc t'es balèze dans tes prédictions quand on sait que c'est un yakuza. Oui, ce n'est pas faux, cette indication le prouvait d'autant plus, mais plus que cela c'était tout son être qui sentait cette odeur d'anti-conformisme et de compétition envers qui que ce soit.
Il fallait dire que mon interlocuteur avait aussi de bons arguments, plus ou moins fondés. Pas tant que cela vis à vis de moi, mais pour d'autres, cela ne faisait pas un pli : la Nef était une véritable prison. Est ce que j'avais quelque chose à regretter de mon ancienne vie sur Terre ? Oui, sans doute, mais y tenais-je plus que cela ? Non. Tout ce qui avait été important pour moi, c'était tout bonnement envolé. Tout avait disparu, quand elle était partie. Je me souvins encore que la nourriture était devenu fade, que les nuits s'étaient transformées en des calvaires cauchemardesques m'arrachant ainsi les douceurs du repos. Les plaisirs de la vie avaient perdu leur valeur, car sans les partager avec elle, c'était comme si je ne les avais jamais pleinement vécu.
- " Alors vous serez peut-être surpris d'entendre, que non, je ne regrette rien de mon ancienne vie. Tout simplement, parce que la vie que je mène ici est semblablement la même que celle que j'avais sur Terre. “ - " Vous vous donnez l’air détaché, comme un moine qui se moque des autres humains et de leurs passions, du haut de sa petite tour d’ivoire. Mais dites-moi, sensei. Est-ce que vous croyez qu’on peut changer comme ça, du jour au lendemain ? " - " Ce n'est pas comme si le temps nous manquait, Kurogane. "
Je m'arrêtais un instant pour bien marquer ma phrase qui lui cloua le bec un instant. Le jeune homme enchaîna ensuite sur le fait qu'il serait impossible pour lui de se racheter de ses fautes et de devenir quelqu'un d'autre, sous-entendu quelqu'un de bien. Si Kurogane évoquait ce point précis avec moi, qui plus est avec un professeur, c'est qu'il souhaitait au plus profond de lui qu'on lui donne une opportunité de changer. Peut-être cherchait-il un appui pour y arriver ? J'osai à peine concevoir que cet homme ne serait autre que moi. Mais cela, je ne le savais pas encore. A cet instant, j'essayais de le convaincre que sur cette Nef tout était absolument possible.
- " Je n'ai pas l'arrogance de dire que j'en suis capable, je dis juste que c'est possible. Ecoutez, si vous vous fixez un idéal de vie, et si vous ne vous détournez pas de ce chemin, alors vous pourriez très bien accomplir ce but, monsieur Kurogane. "
Disais-je paisiblement. Mon discours s'arrêta là. Il était temps pour moi de partir, afin de laisser le jeune homme méditer à ce que je lui avais dit. J'espérais sincèrement l'avoir aidé. Par ailleurs, mon cure-dent ramollissait, je devais en chercher un autre dans ma cabine. Je saluais respectueusement Kurogane, honorant ainsi notre première rencontre pour filer. Mais je n'avais pas franchi la porte de la salle, qu'on me rappela sans plus tarder. Que me voulait-il encore ?
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| | | Kurogane
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| Sujet: Re: Le Papier & L'Acier {PV Kurogane} Lun 22 Nov - 2:02 | |
| * Non mais vraiment, pour qui il se prend, ce type ? * Pensa-t-il, en fusillant l’aveugle du regard. * Est-ce qu’il se rend vraiment compte de qui je suis, pour s’adresser à moi de la sorte ? Personne, et surtout pas un japonais, en dix-huit ans, n’a jamais osé me parler ainsi. *
Pourtant, au fond de lui, Kuro savait pertinemment que le professeur avait raison. Et c’était sûrement cela qui l’agaçait le plus dans cette histoire. Lui qui avait toujours été beaucoup trop fier, et qui haïssait plus que tout qu’on lui fasse la leçon, il refusait d’admettre que c’était lui qui était en tort. Une vraie tête de mule.
« Vous racontez n’importe quoi. » Grogna-t-il, déstabilisé. « Il y a des crimes dont on ne peut être pardonné, même en une éternité. Vous qui avez vécu avec des moines, vous devriez le savoir. » Ajouta-t-il, d’un ton sec et hautain à la fois, comme s’il cherchait à ne surtout pas perdre la face devant lui.
Kuro n’attachait pas vraiment d’importance à la religion, mais les préceptes du shintô encrés dans sa culture maternelle lui donnaient parfois des remords. Quoi qu’il en soit, c’est tout ce que l’adolescent trouva à dire pour ne pas avouer qu’il avait été bluffé par les paroles d’Haru. Et puis, il n’y avait pas que ça qui l’avait particulièrement dérangé. La réaction du professeur, par exemple, n’était absolument pas logique. Pourquoi est-ce qu’il était aussi gentil avec lui, d’un coup, malgré les paroles vexantes que l’adolescent lui avait lancé ? Et pourquoi est-ce qu’il n’avait pas peur ? N’avait-il pas entendu qu’il était yakuza ? Et pourquoi est-ce qu’il était toujours aussi détestablement calme, comme si rien n’était susceptible de l’atteindre ?!
* Il commence sérieusement à m’énerver, ce … cette espèce de robot insensible ! * Songea-t-il, détournant son regard, furieux, les bras croisés sur son torse.
Et dire qu’il faisait la cour à Nephtys tous les jours, peut-être l’être le plus représentatif du glaçon sur ce bateau. L’homme qui a dit que l’amour rend aveugle n’était pas à ce point dans le faux, finalement. Surtout si on appliquait le proverbe à Ryû Haru ici présent. L’adolescent aurait donc dû être absolument ravi de voir le professeur quitter la pièce. Mais étrangement, lorsque celui-ci, sans rien ajouter, se dirigea vers la porte, Kurogane sentit une frustration plus grande encore le gagner. A tel point qu’avant qu’il ait le temps de passer la porte, il alla jusqu’à crier un « matte yo » particulièrement insolent. Ce fut lorsque le professeur se retourna que Kuro réalisa l’énormité de son erreur. Décidément, il était beaucoup trop spontané.
* Mais… Mais pourquoi est-ce que j’ai fait ça ? * Pensa-t-il, paniqué. * Pourquoi est-ce que je ne l’ai pas laissé partir ? Qu’est-ce que je vais lui dire, maintenant ? Ore tte, baka ka° ? * ° Non mais je suis bête, ou quoi ?
En y réfléchissant un peu, il devait avouer qu’il était encore insatisfait de cet entretien. Inconsciemment, s’il l’avait rappelé, cela signifiait bien quelque chose. Mais qu’attendait-t-il encore de lui ? Pourquoi est-ce qu’il ressentait comme une amertume, une sensation d’échec, en le voyant s’en aller sans rien dire ? Non, c’était quelque chose qu’on ne pouvait expliquer clairement. Ce que Kuro attendait, au fond, c’était peut-être de la reconnaissance pure et simple. Parce qu’il était japonais comme lui, il n’avait pas envie que le professeur le traite comme les autres, ou comme un simple adolescent inférieur à lui. Il avait envie qu’il le voie comme son égal. Mais ça, c’était beaucoup demander, quand on savait que Haru avait une grande sagesse et une grande expérience que l’adolescent ne pourrait sans doute jamais acquérir, maintenant. S’il ne pouvait pas le lui faire assimiler par des mots, il y a avait une autre façon très efficace de se faire comprendre, lorsqu’on connaissait bien les arts martiaux. Un sourire malicieux déchira le visage de l’adolescent. Malheureusement pour Ryû, Kuro avait trouvé un moyen d’occuper le professeur pendant quelques instants encore. Un léger rire effrayant s’échappa de ses lèvres. Dans sa poitrine, saisi par l’excitation, son cœur se mit à battre fortement. Cela faisait si longtemps qu’il ne s’était pas battu contre un adversaire de cette taille. Nephtys ne comptait pas ; à ses yeux, elle était différente de tous. La dernière fois que Kuro avait affronté un maître, c’était il y a fort longtemps ; et l’adolescent en gardait l’amer souvenir d’une cuisante défaite. C’était d’ailleurs la seule personne qui ait jamais réussi à le battre. En quelque sorte, Haru lui rappelait un peu cet homme. Une bonne occasion d’enterrer ce souvenir à jamais et de prendre sa revanche sur ce vieux fou qu’il ne reverrait plus jamais.
« Vous avez de la répartie, sensei, je le reconnais. Mais… Voyons voir comment vous renvoyez les coups ! »
A ces mots, sans même lui laisser le temps de se mettre en position, l’assassin se saisit d’un shinai qui traînait par là, et se jeta sur le professeur, en poussant un cri de rage. Les lattes de bambou rencontrèrent le bois épais de la canne de l’aveugle. Kuro afficha un sourire insolent, un sourire de sale gamin satisfait. Haru avait répondu à ses attentes. Peu de personnes, au Japon, avaient réussi à le parer. Il avait beau être modeste, cela confirmait qu’il n’était pas n’importe qui. De plus en plus intéressant.
« Je vous préviens, je suis 3e Dan de Kendô. » Ricana-t-il. « Je vous conseille de ne pas me sous estimer… sensei. »
Il avait prononcé ce dernier mot censé être respectueux avec une sorte d’amusement, de provocation dans la voix ; comme s’il cherchait à lui montrer qu’il ne pouvait pas se reposer sur son ancienneté, ni sur son grand savoir pour se sortir de cette fâcheuse situation. S’il voulait être vainqueur, lui aussi allait devoir être inventif. Il lui tardait déjà de voir comment le professeur allait faire pour s’en sortir, face à lui. | |
| | | Ryû Haru Sensei
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| Sujet: Re: Le Papier & L'Acier {PV Kurogane} Lun 22 Nov - 16:59 | |
| Tel l'assourdissement d'un éclair, je sentis Kurogane foncer sur moi pour m'imposer sa vision des choses par la force. Un glissement d'air sur mon visage, et je compris que le jeune homme s'était armé d'un shinaï ou d'un boken. J'eus le temps nécessaire de positionner ma canne pour bloquer son attaque. Quel enfant agité … Il ne devait pas aimer qu'on lui tienne tête celui-là. A son offensive, je perçus toute la force et la détermination d'un gamin qui ne manquait pas de ressources tant sur le physique que sur la réflexion. Bien que j'avais encore des doutes, ce jeune homme avait en lui d'une certaine force de caractère comme un talent qui n'avait jamais appris à dompter. Ses origines le trompaient, selon moi, brouillaient la réalité des événements présents et surtout passés.
- « Je vous préviens, je suis 3e Dan de Kendô. Je vous conseille de ne pas me sous estimer… sensei. »
Ricana t-il en face de moi. Remarquable pour quelqu'un de son âge, je devais le reconnaître. Cependant, mon cher 3e Dan avait déjà commis une irréparable erreur. Il me donnait sur un plateau d'argent son niveau de combat, alors que lui, que savait-il de moi en dehors de mes katas ? Et je connaissais depuis le début de cette rencontre le caractère explosif de cet ancien yakuza. Autrement dit, je connaissais tout de mon adversaire, et lui ne savait rien de moi.
# FLASH BACK #
Et mon père nous le répétait à chaque duel quand j'étais encore qu'un enfant. Ses paroles, je m'en souviens comme si c'était hier que je les avais entendu.
Chichiue ! Chichiue ! Il va perdre ?! Non ? Haru, tu te rappelles de la leçon numéro 1 ? Ne jamais combattre quand on n'est pas certain de vaincre. Alors qui va gagner ? Je ne peux pas te le dire. Mais eux, ils sont certains de remporter le duel sur l'autre.
# FLASH BACK #
Voilà pourquoi on dit que les entraînements sont inutiles, seul compte la volonté, la volonté d'agir. Ainsi donc, j'allais devoir le combattre, non pour moi ni par fierté, mais pour montrer à Kurogane que s'il en avait la volonté, il pourrait expier ses pêchés. J'inspirais à fond, et dans le souffle qui le suivit, je repoussais mon adverse par une puissante impulsion. Aussitôt je me jetais sur le tatami, et me relevais tranquillement pour accepter son duel.
- « Vous vous en voulez tellement que vous hésitez à emprunter le chemin de la rédemption. Vous vous dites que c'est comme ça, que c'est une fatalité. Vous avez choisi la voie de la simplicité monsieur Kurogane. Un jour ou l'autre, nous sommes confrontés à nos démons, et ce jour-là nous n'avons pas d'autres choix que de nous battre afin de regagner notre honneur. »
Je m'approchais alors du mur où se tenaient les bokens, et décidais de reprendre le même que j'avais utilisé pour mon précédent entraînement. Mieux valait prendre une arme dont je connaissais déjà l'équilibre, et il était hors de question que j'abîme ma canne pour … lui.
- « Vous voulez un duel ? J'accepte. Mais que les choses soient claires, ne m'attaquez plus jamais comme vous venez de le faire ou n'espérez pas de moi que je satisfasse un autre duel avec vous. Il serait bien trop court. »
Voilà maintenant que je me vantais à mon tour ? Non, cela c'était pour le faire réagir. Depuis le début, il me montrait les crocs, n'étais-ce pas le temps pour moi d'en faire de même ? Bien sûr, à ma manière. J'attendais à présent mon adversaire sans même prendre position, mais en ne relâchant pas même un instant ma vigilance et ma concentration.
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| | | Kurogane
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| Sujet: Re: Le Papier & L'Acier {PV Kurogane} Jeu 16 Déc - 23:22 | |
| Debout face au professeur, le yakuza, les yeux clos, ricanait effrontément. Ridicule. Non mais de qui il se fichait, celui-là, avec ses sermons de curé ? Il avait avalé une bible, ce matin, ou quoi ? Il lui parlait de rédemption… Mais il n’était pas légitimement en mesure de le faire. Aussi sage qu’il fût, Ryû ne pouvait pas comprendre. Il n’était pas né dans le même milieu. De toute sa vie, presque deux fois plus longue que celle du jeune homme, il n’avait jamais commis le moindre crime. Kuro, lui, avait grandi dedans. Depuis sa plus tendre enfance, on lui avait appris à être cruel, violent et hautain avec le reste du monde ; il prenait, chaque jour, du trafic de drogue, d’armes et d’humains au petit déjeuner, des meurtres au déjeuner, et des orgies au dîner. Et encore, depuis qu’il était arrivé sur la Nef, on pouvait dire qu’il s’était calmé. Le fait d’être séparé de la mafia et de ses membres, d’être arraché au Japon, à tous ses codes et toutes ses contraintes le poussait en quelque sorte à se comporter différemment. Le Kurogane de la Nef était une espèce de… de quoi, d’ailleurs ? Bon, objectivement… Allons dire une espèce de grand gamin nymphomane, diabolique, et surexcité, un peu effrayant, certes, mais pas foncièrement méchant. Celui de Tôkyô, lui, était un monstre. Un monstre insensible, cruel et manipulateur qui ne pensait qu’à sa vengeance et à tout ce qui gravitait autour de sa petite personne. Et l’intéressé était le premier à en être conscient. Il était persuadé qu’il était là pour payer, d’ailleurs.
« Dans ce cas, dites-moi, sensei… Que faites-vous quand même le diable ne veut plus de vous ? » Lança-t-il, relevant les yeux vers Haru, un large sourire insolent aux lèvres.
Il avait songé, en arrivant sur la Nef, le premier jour, qu’il était (enfin) arrivé en Enfer. Dire qu’il avait même pris Nephtys pour Satan, et avait sauté de joie, croyant découvrir que son idole n°1 était en fait une plantureuse jeune femme. Quelle blague. S’il était ici, c’était sûrement parce que son altesse démoniaque n’avait pas envie de s’occuper de lui. Le traître. Alors que Kuro avait été son plus fervent serviteur sur terre. Il faudrait qu’il aille lui en toucher un mot, tiens, s’il avait l’occasion de mourir pour de bon un jour. Enfin, qui sait, peut-être que c’était la Nef, l’Enfer, en fin de compte. Ca expliquait beaucoup de choses sur cet enfoiré de Capitaine.
Malgré ses paroles plus qu’effrontées qui auraient dû le vexer, Kurogane sourit de nouveau en constatant qu’Haru acceptait le combat. Il n’en attendait pas moins de lui.
« Je vais essayer de m’en souvenir, sensei… » Répondit-il, les yeux brillant d’impatience, même s’il ne croyait pas un mot de ce qu’Haru lui avait dit, aussi bon acteur qu’il fût. Au fond, il était trop gentil pour faire tout ça, Kuro s’en doutait.
Dans sa poitrine, son cœur accélérait déjà, saisi d’excitation. L’adolescent prit une grande inspiration, et ferma les yeux un instant, pour se calmer. Cela faisait si longtemps qu’il ne s’était pas battu au sabre avec quelqu’un. Même lorsqu’il était encore à Tôkyô, il n’avait, en dehors des entraînements, pas souvent l’occasion de le faire. Il avait pris l’habitude de se servir en majorité des armes de tir, ce qui lui avait valu son surnom, d’ailleurs. Il était donc plus un virtuose du revolver que du sabre, et son adversaire semblait très fort, mais il n’y avait aucune raison pour que ce soit lui qui perde. Avoir un tel grade, à son âge, c’était quand même quelque chose. Et encore, s’il n’avait pas été yakuza, il aurait peut-être pu passer plus de concours. Il fallait donc être confiant ; c’était le principal, s’il voulait effacer le souvenir de sa précédente défaite contre un maître. Avide d’en découdre enfin avec le professeur, Kuro s’inclina pour saluer son adversaire (qu’il soit aveugle ou non, cela lui importait peu, c’était la tradition) et se mit en garde. Relevant les yeux tandis qu’il se redressait, il vit le professeur faire de même. Son cœur battait assez fort, à présent, pour lui en déchirer la poitrine. Un silence de marbre s’installa dans la pièce. Le moment était venu.
Une lourde tension commença à monter dans l’air. Le jeune homme, immobile, dévisageait son adversaire, le regard froid et dur. Il n’avait pas le droit à l’erreur. Le fait que le professeur soit aveugle était presque, même, un désavantage ; parce qu’Haru resterait ainsi concentré sur les sons et les mouvements de son adversaire. Kurogane soupira. Il n’avait pas de temps à perdre avec ce genre de pensées. Poussant un cri de fureur qui déchira le silence, l’assassin fonça sur son adversaire. Les sabres de bois s’entrechoquèrent. Tandis qu’il forçait sur ses poignets pour repousser le sabre de son ennemi, l’adolescent continuait de sourire.
« Vous ne savez que parer, sensei ? » Ricana-t-il, en poussant son adversaire d’un coup. « Est-ce que vous vous battez, ou bien vous dormez ? »
Ne laissant pas un instant de répit à l’aveugle, il repartit à l’attaque, l’accablant de coups.
« Men ! Kote ! Dô !* » *coups à la tête, au poignet, à la taille.
Malheureusement pour le jeune homme, ses efforts étaient vains face au maître qui, telle une muraille imprenable, ne laissait pas passer le moindre de ses coups. Kurogane pesta, et recula pour prendre un peu de distance. Comme toujours, il s’était laissé emporter par sa fougue, et s’était précipité sur son adversaire trop rapidement.
* Shikushô… Dame da ! * Pensa-t-il, en serrant les dents. *Putain… C’est pas bon !
Un déluge de question envahit l’esprit du yakuza. Mais pourquoi est-ce qu’il n’attaquait pas ? Pourquoi est-ce qu’il se contentait de contrer ses coups ? Est-ce qu’il en profitait pour analyser son style de combat ? Peut-être cherchait-il à l’énerver pour le déconcentrer ? Ou bien cherchait-t-il à l’épuiser ? Immobile, dévisageant Haru avec ire, le jeune homme prit de nouveau une grande inspiration. La provocation n’avait pas marché, tout à l’heure. Haru avait donc bien quelque chose en tête. Mais quoi ? Est-ce qu’après tout ce qui était arrivé, il ne le prenait toujours pas au sérieux, et que c’était sa façon à lui de le lui montrer ? Non mais, de qui se moquait-t-il ? De qui ?!
« Mô ii ! » Hurla-t-il, fou de rage. *Assez !
Ses nerfs n’avaient pas tenu bien longtemps avant de craquer. Il faut dire que, depuis qu’Haru avait ouvert la bouche, Kuro était à la limite de l’explosion. Lui qui était si concentré et imperturbable durant ses combats, d’habitude, il n’était certainement pas en état de vaincre. Il fallait qu’il rejette toute la frustration, l’excitation, la colère que le professeur avait provoquées chez lui. L’assassin s’élança vers le professeur à toute vitesse et ouvrit un bref instant sa garde pour le frapper à la taille. Erreur. Il semblait que son impétuosité allait encore lui coûter très cher. | |
| | | Ryû Haru Sensei
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La vie d'avant... Date de Naissance: 12/02/1972 Âge du Personnage: 38 ans Lieu de Naissance: Japon - Okinawa
| Sujet: Re: Le Papier & L'Acier {PV Kurogane} Mer 22 Déc - 20:10 | |
| Une tenue de sabre irréprochable, je ne pouvais que le reconnaître. Kurogane était rapide, fluide dans ses moments, et ne montrait aucune marge d’hésitation que ce soit dans ses offensives et dans ses parades. Les coups qui m’affligeaient correspondaient bel et bien à un style de kendoka de haut niveau. Mon adverse n’était donc pas à prendre à la légère, mais cela je ne le savais depuis le début du combat. Cependant, le jeune homme confondait encore rapidité et précipitation. Et alors que le combat était serré au départ, je vis le jeune homme perdre ses moyens petit à petit. Un combat au sabre était toujours court dans le temps, Kurogane voulait en finir dès que possible avec moi. Et son impatience allait jouer contre lui. Le yakuza s’élança vers moi à toute vitesse et ouvrit un bref instant sa garde au niveau de la taille. J’avais une porte qui s’était ouverte. Mais j’y renonçais, car j’avais perçu que dans son être mon adverse savait quelle lourde erreur il avait commis. Il s’attendait donc à ce que je le frappe ici. Et il avait raison d’y croire. Au lieu de cela, je décidais de frapper son shinaï pour le tenir loin de moi, puis je passais derrière lui pour enfin passer mon boken sous sa gorge. Le combat était fini. A cet instant, nos deux corps figés, alors que je soupçonnais monsieur Kurogane de décortiquer ce qui venait de se passer, moi j’entendais notre respiration s’apaiser, nos battements de cœur ralentirent, et le courant d’air de nos deux attaques se dissiper dans toute la pièce. Il était intéressant cet adolescent. Irrespectueux, agressif, mais tout de même intéressant. Je me redressais en ôtant mon sabre de bois de son cou. Je rengainais, et le saluais respectueusement pour le digne combat que nous venions de faire. Quand je redéposais le boken sur le mur de la salle d’entraînement, une volonté me vint, une volonté du plus profond de mon être qui me disait que je pouvais peut-être accompagner ce jeune homme. Mes convictions de professeur revenaient sans doute. Mais je n’étais pas objectif face à un adolescent qui avait la même passion que moi pour l’art du sabre japonais. Peut-être étais-je arrivé ici pour cela en fin de compte ? Et si je n’étais présent que pour aider les autres. Cela m’aurait fort étonné, mais une chose était sûre, je pouvais le faire, et cela n’était pas mal en soit. Je revis l’image que j’avais avec mon maître, la relation d’un disciple et de son mentor tels de véritables samouraïs. Maintenant, je m’apercevais que mon silence pouvait s’avérer être déplacé pour Kurogane. Avant que je ne décide de partir, je me tournais une dernière fois vers lui et dit. - Vous n’avez pas menti sur votre grade en tout cas. Ce fut un beau combat, et rassurez-vous, vous n’avez pas perdu. Non, il n’avait pas perdu ce combat. Il allait me prendre pour un fou sans doute, mais je n’avais fait que répéter les mêmes paroles que celles de Maître Saru lors de notre premier duel. Et je venais à peine de comprendre ce qu’il avait pu ressentir ce jour-là. Dans mon cœur, rien ne me disait que j’avais remporté une victoire quelle soit minime ou pharamineuse. Etait-ce le pouvoir de la Nef qui me faisait cela ? Peut-être, toujours est-il que c’était ce que je ressentais. Je tournais les talons pour quitter définitivement la salle de combat, et juste avant que je ne disparaisse, je transmis ses derniers mots à Kurogane. - Demain même heure, travaillons votre style jeune homme. Passez une bonne soirée.
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| | | Kurogane
Messages : 70 Date d'inscription : 11/07/2010 Sexe du Personnage : masculin Profession : Yakuza
La vie d'avant... Date de Naissance: 31/10/2001 Âge du Personnage: 18 Lieu de Naissance: Tôkyô, Japon
| Sujet: Re: Le Papier & L'Acier {PV Kurogane} Mer 19 Jan - 11:29 | |
| L’assassin ferma les yeux un instant. Il refusait de regarder le résultat de son erreur. Il avait déjà perdu, il en était certain. Dans un combat face à un adversaire d’un tel niveau, la moindre petite erreur était fatale. Et vu l’énormité de la sienne, due à sa colère et à son impatience que le maître semblait stimuler très facilement, il doutait que ce combat dure plus longtemps. L’adolescent, durant cette intense et interminable seconde qui précédait sa défaite, entendit la rumeur si familière des lattes de bambou du shinai qui claquaient, les pieds du maître qui glissaient sur le tatami, puis sentit la dureté et le froid du bois verni du bôken sur sa gorge. La pression, dans son ventre, retomba d’un coup. Lentement, son pouls et sa respiration ralentirent. Kurogane rouvrit lentement ses yeux rouges, fusillant du regard le mur d’en face. Il avait finalement perdu, comme il s’y attendait. Furieux contre lui même, mais se pliant au protocole, dès que le maître le libéra de son étreinte, il se retourna pour lui faire face, rengaina et s’inclina en signe de respect. Ses yeux rouges lançaient toujours des éclairs. Il n’osa plus poser son regard sur lui. Il n’avait pas la force, après ce le coup que sa fierté venait de prendre, pour le regarder dans les yeux dans une certaine gêne.
Ca c’était passé exactement comme dans ses souvenirs, avec le maître. Au départ concentré et déterminé, il s’était lentement laissé distraire par le vieil homme, qui avait bien compris que c’était à son esprit qu’il fallait s’en prendre pour gagner, et lui donner une bonne leçon. Il avait gagné en l’épuisant mentalement. Tous les maîtres qui l’avaient entrainé le lui avaient toujours répété : qu’il avait un tempérament de feu, qu’il était trop fier, trop susceptible, trop colérique, et que cela pourrait un jour lui coûter très cher. Le maître qui l’avait battu l’avait d’ailleurs laissé avec ces mots mêmes, après l’avoir humilié devant ses subordonnés. Comment avait-il pu commettre de nouveau cette erreur ? Lui, qui, depuis ce jour, avait juré de devenir un bloc de glace humain lorsqu’il se battait ou partait en mission, de ne se laisser perturber par rien ni personne. Cela ne lui était pas arrivé depuis au moins trois ans. A ses quinze ans, quand il avait commencé ses missions, il était devenu plus froid et insensible que jamais. Ce devait être encore l’effet de la Nef, la séparation avec son milieu d’origine qui le rendaient ainsi.
Kurogane pesta. De quoi avait-il l’air, maintenant ? Il se vantait d’être yakuza, d’être un futur parrain, mais de quoi avait-il l’air, sans ses hommes, son monde, et maintenant son honneur ? Lui qui s’était adressé à Haru avec autant d’insolence, lui qui était sûr de gagner… Il venait de se prendre une bonne claque dans sa figure de gamin pourri gâté. Soudain, l’arrachant à ses chimères, Haru prit la parole. Kurogane releva enfin les yeux vers le sensei, de dos à lui, qui se dirigeait vers la sortie. Qu’allait-il bien pouvoir lui dire, lui ?
Agréablement surpris par les paroles du professeur, Kurogane en resta muet pendant un instant. Comment ? Il ne se moquait pas de lui, alors qu’il avait gagné ? Au contraire, il le complimentait ? Et en plus, il lui assurait, d’un ton calme, qu’il n’avait pas perdu ? L’adolescent n’y comprenait plus rien. Peut-être essayait-il de lui dire quelque chose ? Ou peut-être était-ce une sorte de stratégie pour tenter d’apaiser sa rancœur ? Mais ce furent ces mots qu’il lui adressa, une fois dans l’encadrement de la porte, qui le laissèrent totalement bouche bée. Demain ? Même heure ? Travailler son style ? Attend, ça voudrait dire qu’il le prenait pour élève ? Haru allait l’entraîner ? Une fois seul, ce dont il avait besoin à cet instant pour réfléchir tranquillement, l’adolescent réécouta intérieurement les paroles de son nouveau maître. Alors, il le reconnaissait enfin à sa juste valeur ? Kuro comprenait, maintenant, pourquoi il lui avait dit qu’il n’avait pas perdu. Il avait certes perdu ce combat, mais il avait gagné l’estime et l’aide d’un maître. Un léger sourire aux lèvres, le jeune homme rangea son shinai, s’inclina avant de sortir de la pièce, puis partit dans les vestiaires pour se changer. Il lui tardait déjà de voir ce que son sensei allait lui enseigner.
Hj: Mon dieu, c'est la première fois sur la Nef que je fais un post où Kuro ne dit pas un seul mot ! Je suis choquée ! xD SUJET TERMINE. | |
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