Vous voilà sur la Nef de la Pleureuse et du Fou, entre époques et continents... |
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| Intrigue n°2: Welcome to Hell. | |
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Kurogane
Messages : 70 Date d'inscription : 11/07/2010 Sexe du Personnage : masculin Profession : Yakuza
La vie d'avant... Date de Naissance: 31/10/2001 Âge du Personnage: 18 Lieu de Naissance: Tôkyô, Japon
| Sujet: Intrigue n°2: Welcome to Hell. Lun 24 Jan - 20:43 | |
| Depuis le premier jour où nous nous sommes vraiment rencontrés, Depuis ce funeste jour où tu m’as adopté, parrain, J’ai toujours eu cette impression, cet horrible sentiment De n’être qu’une jolie poupée avec laquelle tu t’amusais. 地獄へようこそ。 Jigoku e Yôkoso. Welcome to Hell. Pitié, laisse-moi sortir d'ici ! Coincée dans ton monde étouffant Tu m'enfermes dans cette maison de poupée ! Pitié, laisse-moi sortir d'ici ! Malgré toute ma tristesse, mes yeux de verre ne peuvent verser de larmes. Un son de cloche annonce le crépuscule.
(traduction) The Doll House – kanonxkanon
Les yeux rivés sur ce ciel toujours désespérément bleu, coiffé de ce soleil artificiel qui brillait toujours comme pour le narguer, Kurogane poussa un long soupir d’exaspération. Malgré la douceur de l’eau chaude des onsen, il ne se sentait pas vraiment d’aplomb. Il avait comme un mauvais pressentiment ; comme si une ombre, une menace, dissimulée mais bien présente, planait au dessus de sa tête. Et puis, il n’était pas rare, lorsqu’il se retrouvait seul, qu’il commence à déprimer pour rien. Malgré son obsession de toujours avancer et de ne surtout plus repenser à son passé qui le faisait tant souffrir, quelquefois, la lassitude arrivait à le gagner. Finalement, cette vie sur la Nef, c’était quasiment toujours la même chose ; et la fatigue qu’il éprouvait parfois ici n’était peut-être pas différente de celle qu’il éprouvait sur terre. S’il n’y avait pas eu Edward, Anton, Haru, Hui Ying et Nepthys (même s’il préférait l’exclure de ce groupe, en ce moment) il s’ennuierait ferme. Et, comme à chaque fois qu’il était seul et s’ennuyait, il se remettait à songer à son passé, cela n’arrangeait pas tellement son humeur.
Lorsqu’il fermait les yeux, il lui semblait encore entendre ce rire, cet effroyable rire résonner dans l’air, le pénétrer par tous les pores de sa peau et le glacer de l’intérieur, comme le poison mortel d’un serpent. Combien de temps cela faisait, sur Terre, qu’il avait disparu ? Un mois, un an, un siècle ? Etait-Il toujours vivant, cet homme ? Cet homme qui l’avait élevé et aimé (du moins, il le croyait, mais comment dire s’il avait vraiment été franc, tout ce temps ?), comment avait-il réagi, lorsqu’il avait disparu ? Est-ce qu’il avait sombré dans le désespoir, s’accrochant désespérément à son souvenir, retournant tout Tôkyô pour le retrouver, ou bien l’avait-il vite oublié et trouvé un remplaçant ? A cette pensée, Kuro se mordit les lèvres. A quoi cela lui servait-il de se poser ce genre de questions, de toute façon ? Il ne reverrait sûrement plus jamais la Terre, et même s’il y retournait un jour, Il ne serait sûrement plus là depuis longtemps. Il n’y avait aucune possibilité pour qu’il Le revoie un jour. Alors pourquoi s’angoisser pour rien ? Il avait déjà assez de soucis comme ça. Et ce n’était pas son problème, en fin de compte. Du moins, ça ne l’était plus, maintenant.
Et puis, tout était de Sa faute, après tout. Il n’aurait pas dû lui parler ainsi, ce jour là. Il aurait dû essayer de comprendre. Cette fois là, et toutes celles d’avant, où ils avaient eu ce genre de conversation, et où, toujours, soit Il avait évité le sujet, soit Il lui avait hurlé dessus sans chercher à en savoir plus. Alors Il l’avait bien mérité. Peut-être que, s’Il s’était comporté différemment avec lui, les choses auraient évolué autrement. Peut-être Kuro serait-il encore sur Terre, à l’heure qu’il était. Oui, c’était bien fait pour Lui, finalement. Il récoltait ce qu’il avait semé.
Mais alors pourquoi ? Pourquoi, quand il repensait à Lui, est-ce qu’il sentait cette amertume, sur sa langue, et cette douleur intense, dans sa poitrine ? Ce n’était pas comme s’il tenait à Lui, après tout ! Quand il était petit, peut-être. Après tout, c’était la seule famille qui lui restait, à l’époque. Mais plus maintenant. Depuis quelques années, Il ne le comprenait plus, de toute façon. Il ne cherchait plus à le comprendre. Peut-être n’était-il plus aussi intéressant qu’avant. Peut-être le marionnettiste en avait assez de son joli pantin. Mais la poupée de porcelaine, dans sa maison de bois verni, était toujours là, enchaînée à son maître, ou du moins, au souvenir qui lui en restait. Parce qu’elle se savait incapable, même si elle le voulait mortellement, de s’enfuir de Son joli monde fait de dentelle et de dorures. Pourtant, elle avait essayé, tellement de fois, de s’enfuir comme elle pouvait. N’ayant d’autre solution pour échapper à celui qui était, à la fois, son tortionnaire et son protecteur, elle s’était laissée séduire par la mort. Mais même la mort ne voulait pas d’elle. Abandonnée, elle rêvait et elle priait, et priait encore un dieu qui ne l’entendait pas. Elle qui désirait pourtant sa liberté plus que sa vie ; sa rédemption plus que la mort. Tremblant à présent de tout son être, Kurogane passa sa main sur ses yeux. Arrête, arrête d’y penser. Ca fait trop mal, tu le sais. Alors pourquoi, pourquoi ne pouvait-il s’empêcher de revoir, devant ses yeux, ces pupilles noires rieuses qui le dévoraient tout entier ? « Tu m’aimais parce que je t’étais entièrement dévoué, je le sais ; parce que j’étais malléable à souhait, comme de la cire, qui prendrait forme dans ta main au gré de tes envies. J’étais si naïf, si manipulable. J’avais tellement confiance en toi. Pourquoi m’as-tu abandonné à ma tristesse et à ma haine ? Pourquoi as-tu arrêté d’essayer de me sauver de moi même ? Pourquoi n’y es-tu pas arrivé ? Pourquoi, toi qui te disais être mon père ? »
Soudain, une voix traversa son esprit, l’arrachant brusquement à ces sombres pensées. La surprise fut si forte qu’elle lui en arracha une secousse. C’était la voix du Capitaine, encore et toujours. Apparemment, quelque chose l’attendait dans sa cabine. Sentant la pression retomber d’un coup, soulagé et énervé à la fois, Kurogane poussa un long soupir, et passa sa main dans ses cheveux. Son mauvais pressentiment de tout à l’heure était donc justifié. Qu’est-ce que cet enfoiré de Capitaine avait bien pu lui préparer, cette fois-ci ? Déjà épuisé, le jeune homme sortit de l’eau chaude, et, accrochant une serviette autour de sa taille, il se dirigea vers les vestiaires pour se changer. Tout cela ne lui disait vraiment, vraiment rien de bon. Il se sécha des pieds à la tête, enfila des sous vêtements et un jogging noir propres, et, torse et pieds nus, une serviette autour du cou, il se dirigea d’un pas las jusqu’à sa chambre. Il posa sa main sur la poignée de la porte, poussant de nouveau un long soupir. Qu’est-ce qui pouvait encore bien l’attendre, là-derrière ? Etrangement, il n’était pas vraiment pressé de le savoir. Mais plus vite il affrontait ce nouveau problème, plus vite il pourrait aller se coucher. Kuro prenait toujours son bain avant d’aller dormir. Il espérait donc, au fond de lui, d’en finir rapidement avec cette nouvelle lubie du Capitaine, déjà à bout de nerfs. Si seulement il avait su ce qu’il allait trouver derrière cette porte…
D’un coup sec, il tourna la poignée et ouvrit la porte. A cet instant, ses yeux rouges s’écarquillèrent sous le choc. Oh, mon dieu. C’est impossible ! Comment… Quand ? Poussant un cri de surprise, l’adolescent s’empressa de refermer la porte, et s’appuya dessus pour ne pas tomber à la renverse, tremblant de terreur. Non, ça ne pouvait pas être lui. Pas ici, pas maintenant. Car celui qu’il avait vu, tout sourire, lui faire gentiment coucou, assis sur son lit, n’était autre que… Raijin, son père adoptif. Le parrain diabolique et surtout, complètement cinglé, auquel il pensait, depuis tout à l’heure. Quelle ironie. Il avait souhaité si fort lui parler, que, maintenant, il était là devant lui.
* Non non non non non. C’est impossible, impossible. * Pensa l’adolescent, terrifié. * Ca ne peut pas être lui. Ca doit être un rêve, oui, c’est ça, un rêve. Ou alors, je suis juste devenu fou. Mais ça ne peut pas être LUI. C’est Impossible, Kurogane, tu entends, IMPOSSIBLE ! *
Mais la voix de l’énergumène, qui raisonna soudain à ses oreilles, derrière cette porte de bois qui les séparait, lui prouva le contraire. Encore sous le choc, le souffle court, Kuro posa sa main sur son front, et, fixant le mur d’en face, les yeux vidés par l’effroi, il tenta, un instant, de s’expliquer le pourquoi du comment. Malheureusement, il n’y avait qu’une seule solution qui lui venait à l’esprit. Le Capitaine, encore et toujours lui. Furieux, l’adolescent hurla un juron vers le plafond. Alors c’était pour ça, dans son quizz, l’autre jour, qu’il leur avait demandé, à lui et aux autres passagers, s’ils voulaient revoir quelqu’un ? Kurogane pesta. Pourquoi avait-il fallu qu’il le désigne, Lui ? Pourquoi Lui, et pas Phoebé, par exemple, ou Luciole, ou ses parents ? Mais il fallait se faire une raison, c’était trop tard, maintenant. Il était là, derrière cette porte. Et il fallait à présent l’affronter.
Prenant son courage à deux mains, l’adolescent se mit face à la porte, prit une grande inspiration pour se donner la force de combattre, et tourna de nouveau la poignée. Il tremblait. « Surtout, surtout, fais comme si tu t’en foutais. Il ne faut surtout pas qu’il voie que sa simple présence t’a ému. » Bon, maintenant qu’il avait poussé un cri de surprise devant lui, son projet de paraître fier et totalement blasé était un peu compromis, mais bon, il allait essayer de rattraper le coup comme il pouvait. « Fais comme lorsque tu étais encore à Tôkyô. Ne lui montre surtout pas tes sentiments. Sinon, il s’en servira pour te détruire de l’intérieur. Parce qu’il est manipulateur, et qu’il connaît tes faiblesses. Tu le connais. Tu peux le faire ; tu ne peux pas y échapper, de toute façon. Allez. »
Entrant en claquant la porte derrière lui, il jeta un regard noir à son père adoptif, pour bien lui faire sentir qu’il n’était pas content de le voir là. Puis, il lança, avec l’air hautain et menaçant qu’il affichait toujours devant les hommes de la mafia, lorsqu’il était encore à Tôkyô :
« Nani o shi ni kitandayo, Oyabun ? » *Qu’est-ce que tu fous là, Parrain ?
Il ne parlait plus tellement comme un yakuza, maintenant qu’il était sur la Nef. Certes, son japonais était toujours un peu argotique, mais c’était plutôt la langue que parlaient les jeunes japonais de son époque. Il n’y avait plus, dans sa façon de parler, les intonations et les sons menaçants et vulgaires qu’on trouvait auparavant dans chacune de ses phrases. Il s’en était déjà rendu compte depuis quelques temps ; mais lorsqu’il réalisa, gêné, qu’il avait parlé de cette façon devant le parrain, il détourna le regard. Voilà qu’il venait de lui donner une occasion de se moquer de lui. Parce que la Nef l’avait rendu (un tout petit petit peu) plus poli. Déjà accablé d’angoisse à l’idée d’entendre sa voix et ses sarcasmes à nouveau, il jeta sa serviette sur le sol, enfila un tee-shirt noir qui traînait par là pour avoir l’air un peu plus présentable, et attrapa le paquet de cigarettes posé sur son bureau, près de Yami, son revolver noir que l’intéressé lui même lui avait offert. Kuro poussa un long soupir, tandis qu’il allumait sa clope. Qu’est-ce qu’Il allait bien pouvoir lui sortir, comme inepties, cette fois-ci ? L’adolescent s’enquit soudain, d’un ton toujours aussi insolent, soufflant lentement la fumée blanche en plein dans la figure du parrain :
« Comment tu t’es débrouillé pour débarquer ici ? C’est le Capitaine, qui t’envoie, je suppose ? Et pousse-toi, c’est Mon lit. »
A ces mots, le jeune homme poussa sans gêne son père adoptif qui prenait toute la place, pour s’asseoir à côté de lui, sur le bord du lit. Mais bien sûr, sans oser lever les yeux vers lui. S’il avait le malheur de croiser son regard, il le savait, il était fini. Cette entrevue promettait déjà d’être riche en émotions et en crises de nerfs. | |
| | | Hui Ying
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La vie d'avant... Date de Naissance: 6 mai 1856 Âge du Personnage: 164 ans Lieu de Naissance: Chine
| Sujet: Re: Intrigue n°2: Welcome to Hell. Dim 30 Jan - 23:26 | |
| Sa robe était belle, son parfum entêtant. Sombre, et parfois claire, la lumière jouait sur ses plis, formant des arabesques aux tonalités les plus variées. Il soupira. Un caprice, c’était un caprice. Mais il n’avait su résister à son charme. Il la voulait, elle et pas une autre. Et ce nom, quel nom… Et puis elle semblait si triste dans sa vitrine. Seule parmi des étrangers. Tu n’as pas su t’adapter à ce nouveau paysage, ma petite ? Sois sans crainte, je saurai te présenter cette ville, aussi inquiétante qu’envoutante. Bientôt, tu ne pourras plus la quitter, toi non plus. Tu es aussi seule que moi, je le sais. C’est pour cela que ça ne pouvait être que toi. C’est aussi pour cela que ça ne pouvait être que moi. Nous étions tout simplement faits pour nous rencontrer, tôt ou tard. Tu l’avais bien compris, avoue, que nous étions liés par un fil invisible. C’est pour cela que tu t’échinais à capter mon attention, me faisant de l’œil comme une perdue. Chut. Ne ment pas. Plus grave encore, ne te ment pas à toi-même. Tu sais, j'ai l'étrange impression de te connaître depuis toujours, et c’est pourquoi je peux tout deviner de toi. Tu ne peux rien me cacher, il faut te résigner. Car t’opposer ne t’apportera que peines et tourments. Il la considéra un instant, un sourire amusé aux coins des lèvres. Mais tu rougis, dis-moi… Serait-ce par hasard ta toute première fois ?... Ce silence en dit long. Mais ne t’en fais pas, ça ne fera pas mal. Tout du moins je m’efforcerai de rendre la chose agréable et tu oublieras bien vite ta futile frayeur. Il tendit la main et la caressa doucement. Tu sais, je n’en ai peut-être pas l’air, mais je suis un homme assez doux. Enfin. Je n’en connais aucune à qui j’ai fait regretter de m’avoir suivi jusque chez moi… Mais cessons ces enfantillages. Car il faudra bien commencer un jour… Il la toisa, les lèvres entrouvertes, et, se pourléchant déjà, il la serra tout contre son sein. Lui chuchotant de tendres paroles, il attrapa alors le tire-bouchon, l’approcha lentement du goulot, et ôta le bouchon. Son acte fut gratifié d’un son propre. Pas une note de trop, pas une note de moins. Tout simplement parfait. Les yeux à demi-clos, il savoura par avance ce fin nectar en écoutant le liquide se répandre dans son verre. Ses papilles salivaient déjà et il dut déglutir sous le coup de l’excitation. Il posa délicatement la bouteille sur la table-basse, avisa une dernière fois l’étiquette, soupira de plaisir, et prit son verre en main. Là, il se rassit à son aise, et jaugea le breuvage du regard. Tu vois, ce n’était pas grand-chose. Et puis, tu sais, maintenant que je te vois mieux, je te ferai remarquer que ta robe est vraiment de toute beauté. Tu peux être fier, tu es le plus magnifique de tous les liquides de ton espèce. Non, non, je t’assure. Du reste, ça ne m’apporterait absolument rien de te mentir, alors tu peux me faire confiance… Mais trêve de bavardages. Je me lance. Fermant les yeux, il porta soigneusement le verre à ses lèvres. Cet instant était si parfait. Personne pour le déranger, pas même ses subordonnés.
Quelque part, un tel bonheur était voué à l'échec et ce avant même d'exister.
Aussi, malheureusement pour lui, il ne goûterait sans doute jamais à ce vin apparemment si raffiné. Mais ça, il ne le savait pas encore. Une minute passa donc. Une minute pourtant si infime. Cependant, il n’arriva rien. Le verre ne s’entrechoqua pas avec l’émail de ses dents, et rien ne coula dans sa gorge. Attendant toujours que quelque chose ait lieu, il perdit peu à peu patience et rouvrit les yeux, agacé. Là, il se vit sur un pont de bateau. Pourquoi ? Il était étonné, et il était difficile de trouver encore quelque chose qui put avoir un tel effet sur cet homme rompu aux intrigues de la vie. C’est que le moment était mal choisi pour une telle surprise. Parcourant les lieux du regard, il se replongea dans son esprit embué par les effluves du vin, mais il ne trouva rien qui ne se soit passé après qu’il ait entrepris de boire un verre de vin, seul, dans son bureau, à minuit. Etrange. Il lui semblait être en mer et il ne distinguait aucune terre à l’horizon. Dans son esprit, le vide complet. Il sursauta. Mais… m’aurait-on kidnappé pour abuser de mon corps ? Ma virginité ne leur suffit donc plus ! Ah, c’est dur d’être au centre de tous les regards! En un mot, que c’est dur d’être Moi ! Je suis tel un Narcisse adulé par la foule, mais tel un Œdipe, je fuis cette destinée qui me tue de l’intérieur. Ah, qui me sauvera, qui ? Silence. Qui osera me tendre une main salvatrice ? Silence. Oh, ne vous en faites pas, je sais que vous êtes gênés face à tant de splendeur. Et il est vrai que même si je suis né d’une mère et d’un père, tels que vous, pauvres mortels, je suis nettement différent. En quoi ? Je suis tout simplement l’échantillon du fabricant de tissu, le substrat du chimiste, euh, la dent du requin,... et en tant que représentant de l’espèce humaine, il est difficile pour un être inférieur de m’approcher sans être ébloui, ou bien de fondre tel Icare au soleil… Quel coquin celui-là, d’ailleurs ; il m’avait pris par derrière et j’avais omis de lui dire que je pratiquais à l’époque le tae kwon do à mes heures creuses… Il fixa obstinément le lointain pour se donner un air de jeune intellectuel en quête de vérités, puis soupira en se passant la main dans les cheveux. Parce que je le vaux bien, murmura-t-il. Se redressant soudain, il épousseta un peu son kimono et rajusta sa ceinture d’un air digne. Il entendit une voix grave. Quoi, un mâle ? Mmh. Où es-tu mon chou ? Je ne te vois pas… Te caches-tu dans les fourrés de peur d’être démasqué ? N’aie pas peur, je ne vais pas te manger, simplement te… mais tu le découvriras plus tard… Une seule question m’échauffe cependant les oreilles. Aimes-tu les huîtres ou préfères-tu les bigorneaux ? Enfin. Ce n’est pas très important, mais ça m’importe car j’y accorde de l'importance… Oh, ça va, ça va, j’y vais, ne rugis pas comme ça. Tu es en colère, mon petit, et la colère est impure et vous rongerait un rhinocéros. Sois seulement zen, comme dans la chanson, et suis-moi dans les salles de douche. Pourquoi? Me diras-tu. Il s’arrêta net et partit d’un rire machiavélique. Chuchotant à ses imaginaires caméras, « je me suis entraîné jour et nuit pour arriver à une telle maîtrise de mon art », suivi d’un sourire digne d’une publicité pour "Colgate éclat blancheur". Bon, bon, je me calme. Mais il faut me promettre que cela en vaut la peine et tu sais ce que ça veut dire… Clignements d’yeux innocents et sourire équivoque, il attendit une quelconque réaction de la part de son timide stalkeur. Rien ne bougea. Je prends ce silence pour un assentiment alors. Repartant d’un rire plus que douteux, il continua sa route. Marquant de nouveau une pause. Ah, et, j’ai une dernière question : si tu étais un être imaginaire, tu serais plutôt un incube ou un succube ? Au train où allaient les choses, le capitaine allait amèrement regretter d’avoir accepté cet incommodant personnage…
Alors tu es sûr, c’est là ? Bon, j’entre alors. Raijin contempla la chambre, une main sur la hanche et soupira comme il savait si bien le faire. Pff. Tu n’as pas changé mon petit Kuro, toujours aussi bordélique. Ca en a toujours été ainsi. A croire que les femmes de ménage que je me tuais à payer de ma poche étaient occupées à astiquer autre chose tes vitres… Il sourit fièrement. C’est bien, je réalise à présent que tu as bien suivi mes préceptes. Je suis donc fier et ému de pouvoir t’appeler « mon fils » et j’en viens à me dire, pour moi qui ait toujours voulu être père, que ce fatal trépassement de tes parents est une merveilleuse chose. Un cadeau tombé du ciel si l’on peut dire. Ah,mon vœu de donner naissance à un fils est à présent exaucé car ce n’est peut-être pas de ma graine que l’œuf a éclos, mais je le vois bien, tous ses travers, tout ce qui le caractérise, témoignent d’une telle engeance. En fait, je suis ton père spirituel, et ce n’est pas du fait de ton géniteur que te voilà aujourd’hui, mais grâce à l’opération du Saint-Esprit, ta défunte mère enfanta. Mmh, "Dieu le Père"... ce qualificatif me va bien après tout.
Après avoir farfouillé dans toute la pièce pour déceler les cachettes peu avouables de son jeune adolescent, il se jeta sur son lit et huma les tissus à plein nez. Ainsi donc mon jeune jouvenceau a acquis une odeur de mâle dominant… Qui sait ce qu’il a d’ailleurs pu faire sur cette innocente couche. Ah, arrêtez, je ne veux pas en savoir davantage… Mais qu’entends-je ? On arrive. Ah, le jeune chiot cherche le sein de sa mère, le moineau revient au nid, que dis-je, la chrysalide se languit de son cocon ! Mais comment l’accueillir ? Cela fait si longtemps. Me détestera-t-il encore ? Dois-je être sévère ou bien l’embrasser ? Poser le pied comme ceci ou comme cela? Mais je sens que je n’ai désormais plus le temps ; son pas d’adolescent en rut se rapproche de plus en plus…
La porte s’ouvrit alors et Raijin opta pour un large sourire, en tendant les bras pour inviter Kurogane à le serrer dans ses bras. Du reste, mieux valait rester lui-même, car sembler sévère ne lui seyait décidément pas -il ne comprenait d'ailleurs pas lui-même pourquoi, mais Kurogane ne cessait de le lui dire. En plus, être sévère était mauvais pour ses ridules. Dès qu'il le vit, Kurogane referma aussitôt la porte, le prenant totalement au dépourvu.
« Mais non, n’ait pas peur mon fils, c’est papa. Je comprends que ça puisse être un choc pour toi de voir ton père que tu aimes tant, après toutes ces années passées loin de toi, mais ne t’inquiètes plus, papa est de retour à la maison. »
Silence. La porte se rouvrit.
« Ah, je savais que tu ne pouvais te passer de moi, ma petite plaque à induction, mon réchaud, lumière de mes jours, roue de secours, bouée de sauvetage… »
Il se tut bien vite lorsqu’il vit le regard noir que lui jetait son fils, comme un enfant pris en faute. Il mima les larmes, mais le japonais hésitant de son fils le fit sourire.
« Tu t’es rouillé, mon fils. Mais je te le dis, je me répète, papa est là désormais. »
Il alla se caler à côté de son fils adoptif qui, tout à la cigarette qu’il venait d’allumer, ne remarqua pas tout de suite le pot de colle qui aspirait le plus de chaleur humaine qu’il lui était possible, et ce durant le peu de temps qu’il lui était imparti par l’inattention, ou plutôt la négligence, du jeune homme. Quand ce dernier mit fin au « fan service », il rudoya sauvagement son père en le jetant à terre et celui-ci, qui ne s’y attendait que trop, joua la mère éplorée.
« Vous mettez un enfant au jour, vous l’élevez comme un roi, et voilà ce qu’il en reste… Ah, je n’aurais jamais cru que le métier de mère eut pu être si ingrat. »
Kurogane ne prêtait pas garde à ses sottises, ou tout du moins, les ignorait pour qu’il ne poursuive son délire. Aussi, Raijin se rassit, mais en profita tout de même pour se moucher dans sa couverture -en représaille. Ensuite, il extirpa la cigarette des doigts de Kuro et tira dessus. A se demander qui était le plus adolescent des deux. Quand il ne resta plus qu’un mégot et qu’il eut fait suffisamment mariner Kuro, il lui redonna le brin de cigarette.
« Tu vois, je ne sais pas moi-même comment j'ai fait pour arriver sur ce navire. J’étais tranquillement en train de savourer un grand cru quand je suis soudain arrivé ici… Je n’ai même pas pu y tremper, tu te rends compte ? Il avait l’air si bon pourtant… Enfin. Tu me diras, on ne peut pas revenir en arrière, hein. J’ai fermé les yeux, je les ai rouvert, et j’étais là, voilà tout. J’ai ensuite eu une édifiante conversation avec ton charmant capitaine qui m’a expliqué que j’étais là en visite de courtoisie au condamné Kuro... Ne fais pas cette tête, je rigole. Mais parlons plus sérieusement, tu veux. Tu sais que tu peux m’en parler à cœur ouvert, jamais je ne te jugerai sur ce genre de choses… tu t’es tapé combien de gens ? Jamais je ne me serais attendu à te retrouver dans un endroit aussi étrange, alors j'imagine que c'est pour une bonne raison. » | |
| | | Kurogane
Messages : 70 Date d'inscription : 11/07/2010 Sexe du Personnage : masculin Profession : Yakuza
La vie d'avant... Date de Naissance: 31/10/2001 Âge du Personnage: 18 Lieu de Naissance: Tôkyô, Japon
| Sujet: Re: Intrigue n°2: Welcome to Hell. Jeu 24 Fév - 0:56 | |
| Cela faisait seulement cinq minutes qu’il était là, avec lui, dans sa chambre, et Kurogane aurait déjà donné n’importe quoi pour un nœud coulant. C’était tout simplement désespérant de voir que, malgré tout ce qui était arrivé, il n’avait pas du tout changé, par rapport au temps où il vivait encore avec lui à Tôkyô… Il était toujours aussi éreintant, toujours aussi surexcité, toujours aussi exaspérant, et toujours plongé dans ses interminables délires ! Dire qu’il ne pouvait même pas prier Satan pour qu’il lui vienne en aide. Forcément… Il faut dire qu’il soupçonnait fortement Raijin d’être le maître des enfers à temps partiel. Et que faire pour obtenir le salut lorsque vous êtes le fils du diable et que celui se trouve en face de vous ? Heureusement qu’il n’était pas son fils biologique…Vu comment il lui ressemblait déjà (il l’admettait, certes, et cela ne manquait pas de l’effrayer chaque jour de sa vie), il aurait fallu s’inquiéter pour la planète terre. Et pour la santé mentale de la mère qui aurait dû les supporter tous les deux en même temps ! Mais le pire, oui, le pire, c’était aussi qu’il avait toujours les mêmes habitudes horribles ! Comme de s’accrocher à lui, comme le vile reptile qu’il était, dans le vain espoir de lui pomper un peu de chaleur ! Lorsqu’il s’en rendit brusquement compte, dégoûté, Kuro repoussa violemment le parrain, en hurlant, furieux :
« SAWARUNA, HEBI* ! » *Me touche pas, s’pèce de serpent !
Du calme, se dit-il. N’oublie pas ton objectif : montre lui le moins d’émotions possible. Sinon, c’est fini pour toi. Prenant sur lui, et un peu calmé par ce violent intermède (il l’avait cherché, aussi, connaissant le tempérament de feu de son fiston chéri, et surtout sa capacité très limitée à le supporter), Kuro tira une bouffée de fumée sur sa cigarette et l’expira lentement. Voilà que l’autre en profitait maintenant pour se donner en spectacle. Misère, heureusement qu’il avait l’habitude, depuis ces huit longues années passées en sa compagnie.
« Urusee naa… Temee… » Marmonna-t-il, agacé, d’une voix grave et menaçante.
Soudain, un bruit étrange lui fit détourner la tête ; en voyant le crime qu’avait commis son père en face de lui, l’ado manqua de faire une crise cardiaque. « ARGH ! MA COUETTE ! » Faillit-il s’étrangler, profondément traumatisé par la scène à laquelle il venait d’assister. Paralysé par le dégoût et la frustration, il n’avait même plus la force de fumer. De toute façon, pour se remettre d’un truc pareil, il lui aurait fallu fumer le paquet en une seule fois. Combien de cigarettes pouvait-il fumer en même temps ? Mais, bien évidemment, le parrain ne trouva rien de mieux à faire que de lui piquer royalement son seul moyen d’apaiser son angoisse, dans cette situation de stress intense de l’ado face à l’autorité parentale (qui plus est, lorsque le détenteur de cette autorité était vraiment peu crédible, et surtout, carrément désaxé).
* Ma… ma cigarette… * Pensa-t-il, levant au plafond des yeux pleins de désespoir.
Si sa fierté ne l’obligeait pas à retenir ses larmes, il aurait bien pleuré un bon coup pour oublier toute cette dose de malheur qui s’abattait sur lui. Il n’eut même pas le courage de reprendre le mégot que lui tendait Raijin. Tandis qu’il dévisageait le parrain, avec le regard fatigué et désespéré d’une mère épuisée par son gamin, qui reprenait son mélodrame tragicomique habituel, l’adolescent songeait, pour tenter vaguement de se rassurer, en prenant soin de fixer une distance de sécurité entre eux :
* Mon dieu, c’est un cauchemar. Oui, c’est ça, tout cela n’est que le fruit de mon esprit dérangé, décidé à me torturer psychologiquement jusqu’au suicide. Tout va bien, je ne vais pas tarder à me réveiller… Il suffit juste que je ferme les yeux très fort, et quand je les rouvrirai, il aura disparu de ma vue… *
A cette pensée, plein de confiance, il fit signe à son père adoptif de se taire (même s’il ne se tut pas), et ferma les yeux. « Yossha ! Démon, je t’ordonne de disparaître ! » Pensa-t-il, en levant sa paume vers lui, comme s’il imitait un exorciste. Puis, après un bref instant de concentration intense, il rouvrit ses paupières, pour voir si son sortilège avait fonctionné. Evidemment, pas du tout. Désespéré, tandis que Raijin poursuivait son interminable monologue sur les circonstances passionnantes de son arrivées (et qui n’impliquaient, pour une fois, aucun arrachage de membres, consommation de dogue et d’alcool, viol ou chantage), Kuro, le visage dans les mains, le dos courbé et les coudes posés sur les cuisses, comme abattu par le désespoir, songeait :
* Pourquoi, pourquoi Kami-sama ? Je sais que tu me détestes, mais m’infliger ça, là, franchement, t’exagères… Combien de temps est-ce que je vais devoir encore le supporter avant qu’il se tire d’ici ? Connaissant le capitaine… J’en ai au moins pour quelques « heures »… et quelques crises de nerfs ! C’est tout ce qu’il attend, ce salaud, j’en suis sûr ! *
La dernière phrase du parrain le rappela à l’ordre. Forcément, quand on parlait de conquêtes, il se réveillait. Surtout que ce sujet avait toujours impliqué une certaine rivalité entre le père et le fils… Kuro se rappelait encore avec amertume, toutes ces saint valentin où ils avaient fait le concours de celui qui avait reçu le plus de chocolats… et où il avait lamentablement perdu. Il faut croire que même Valmont avait son maître. Et quelle honte de voir que c’était son propre père… Il répondit tout de même, un sourire complice aux lèvres :
« Toujours plus que toi… Grand père ! »
A ces mots, il passa le bout de sa langue sur ses lèvres, et se mit à ricaner tout seul. Il se raidit. Oh mon dieu, voilà encore un truc qu’il m’a refilé. Misère… C’est que je suis devenu sa copie conforme, maintenant… Ah, ça doit être ça, le syndrome des gamins traumatisés par leurs parents, qui finissent par tourner exactement comme eux, et, à la fin, qui courent se réfugier dans le cabinet de sombres psychanalystes…
« Puisqu’on en parle… » Reprit-il, en fixant le parrain, le regard sévère et méprisant, « Je suis sûr que c’est à cause de toi que j’ai refoulé un truc pas net, quand j’étais petit, et qu’aujourd’hui je suis bi et nympho ! Tu mériterais que je te traîne en justice… » Grogna-t-il, en lui tournant le dos.
Enfin, on ne pouvait pas dire qu’il s’en plaignait vraiment dans la vie courante (il était plutôt même carrément fier de ça) mais il avait comme une envie de lui reprocher toutes ses tares. Juste pour le faire culpabiliser (si toutefois c’était possible). A cet instant, il eut l’idée géniale pour lui échapper quelques instants, histoire de remettre un peu ses idées en place après le concentré d’émotions fortes (dont 85% de stress pur) qui venaient de l’accabler. Prenant un air détaché, il se releva, et déclara, en se dirigeant vers la porte :
« Bon, attend moi là, je reviens. Je vais faire du thé. »
Haha ! Pour une fois que les coutumes japonaises servaient à quelque chose ! Cependant, lorsque, se félicitant déjà de son petit stratagème, il voulut attraper la poignée de la porte pour sortir, sa main rencontra le vide. Interloqué, il baissa les yeux. La poignée avait disparu.
* A… ARIENEEENDAROU* ?! * S’exclama-t-il intérieurement, en pleurant toujours son malheur. * Mais… Mais c’est impossible ?!
Lorsqu’il se retourna, dépité, vers Raijin, toujours assis sur le lit, qui lui adressait un sourire aussi radieux qu’effrayant, Kuro vit, posées sur son bureau, deux tasses de thé fumantes. Enfoiré de capitaine. Alors comme ça, tu as tout prévu pour que je ne puisse pas m’enfuir, hein ? Très bien, j’accepte ton défi. Tu vas voir ce que j’ai dans le pantalon. Je vais te montrer que je peux MÊME résister à ce monstre à l’apparence humaine ! Résigné, il revint s’asseoir près de son père adoptif, prenant une des deux tasses brûlantes entre ses mains. Silence.
* Kuso… Nantoka iee yo*… * Se dit-il, déglutissant avec difficulté, comme s’il commençait à ressentir le poids du silence qu’il avait installé. * Merde, dis quelque chose…
Il déclara alors, maladroitement, détournant le regard comme il le faisait toujours lorsqu’ils abordaient des sujets plus sérieux :
« Hé, Oyabun… Ca fait combien de temps que j’ai… Enfin, que je… Enfin, tu vois ? »
« Ca fait combien de temps que j’ai disparu sans laisser de trace ? » Voulait-il lui demander, mais la phrase complète refusait de sortir de sa gorge. Son corps avait dû disparaître avec lui, quand il était arrivé sur la Nef, sinon, les hommes de son père auraient retrouvé son corps dans son appartement, après l’overdose qu’il supposait avoir faite… Enfin, qui sait, après tout ? Peut-être qu’il avait tout simplement disparu, par la simple volonté du Capitaine de l’enfermer ici, avec les autres. Peut-être qu’il n’était pas mort, en fin de compte. Enfin, ça n’avait plus d’importance, à présent. Il doutait pouvoir revenir un jour sur terre, de toute façon. Quelque part, au fond de lui, il espérait ne jamais avoir à revenir.
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